La Poste - Paris : Les facteurs contre les suppressions d'emplois30/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1813.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste - Paris : Les facteurs contre les suppressions d'emplois

En grève en moyenne à 50%, c'est à près d'un millier que les facteurs des vingt arrondissements de Paris, soit quasiment 20% de l'effectif total, se sont retrouvés lundi 28 avril pour dire "Non aux suppressions d'emplois". Partie du bureau de poste de Paris 6, la manifestation s'est rendue au siège de la direction centrale de l'Ile-de-France, puis au nouveau siège central de La Poste qui se trouve non loin de là.

Les grévistes rassemblés ont répondu à la direction générale de La Poste inspirée par le gouvernement qui refuse de retirer le plan qui vient d'être mis en place dans le bureau de Paris 6. Ils ont voté la continuation de la grève et un nouveau rassemblement de l'ensemble des grévistes de Paris, mardi 29 avril au matin, en vue d'organiser la suite du mouvement. Et ce jour-là, c'est à nouveau à un millier qu'ils ont manifesté contre les projets de la direction.

La direction générale de La Poste vient de mettre en route un plan qui devrait aboutir à la suppression de 1000 postes sur l'ensemble de la distribution, facteurs et services annexes. Le premier bureau touché est celui de Paris 6, où 28 postes de facteurs, plus une dizaine d'autres, soit 25% de l'effectif des secteurs attaqués, devraient être supprimés dans les toutes prochaines semaines.

La direction de La Poste a choisi à dessein ce bureau qui sortait d'une grève de deux semaines où le personnel avait repris le travail sans rien obtenir. De plus, à l'exemple de ce qui s'était passé sur la mise en place des 35 heures, elle espérait gérer ses attaques bureau par bureau et qu'il n'y ait pas de réactions collectives d'ensemble. Mais cette fois le syndicat CGT des Postaux a immédiatement appelé l'ensemble des postiers de Paris à riposter tous ensemble, en expliquant en quoi tout le monde était concerné. Sans toutefois joindre à cette riposte, jusqu'à présent, les autres personnels des bureaux de poste, les guichets, mais aussi et surtout les centres de tri, qui sont directement menacés eux aussi par des plans de suppressions d'emplois, et qui représentent une force numérique et militante de poids.

SUD a tout de suite emboîté le pas, suivi ensuite par FO et la CFDT. Les élections professionnelles à La Poste sont dans quelques mois. Mais c'est d'abord la CGT qui s'est véritablement investie, dans la préparation sur tout Paris, pour la réussite de cette journée du 28 avril.

Ce qui était notable, encore plus que les participations à la grève, était le nombre inhabituel de grévistes présents le matin et décidés à se faire entendre. L'appel des militants qui les avaient invités à venir a été entendu. Et ce sont aussi bien des facteurs fonctionnaires que des contractuels qui étaient tous présents au coude à coude. D'ailleurs ces contractuels, qui sont sous le régime d'un accord spécifique inférieur même à la loi, sont sous la menace de licenciements éventuels dans la prochaine période. Car selon cet accord, signé par certains syndicats, il suffirait qu'il y ait des suppressions de postes pour que leur licenciement soit possible, sans autres formalités.

C'est pour répondre à cette situation et pour exiger des garanties précises, sans faux semblant, que les grévistes de Paris 8 ont adopté une plate-forme, proposée ensuite à l'adoption de l'assemblée générale de tous les grévistes à Paris 6: aucune suppression d'emploi dans l'ensemble des bureaux de poste, garantie d'emploi pour tous les contractuels, maintien des six jours de repos suite à la réduction du temps de travail et du samedi sur deux non travaillé (ce que la direction se proposait de supprimer aussi), aucune remise en cause des services et des conditions de travail, engagement de La Poste à ne pas remettre en cause à l'avenir les droits du personnel.

C'est avec enthousiasme que les mille présents ont adopté ce programme, comme ils ont voté plus tard, rassemblés sur le boulevard de Montparnasse, la continuation de la grève le lendemain, avec l'engagement de tout faire pour étendre celle-ci à ceux qui ne l'avaient pas encore rejointe. Enfin la décision a été prise de se retrouver tous ensemble le mardi matin.

Les manifestants, dont une bonne proportion de jeunes, tiennent à se retrouver pour se battre ensemble. Ils ont conscience de représenter une force. D'ailleurs les forces potentielles sont bien plus importantes avec tous les autres employés de La Poste qui sont concernés rien qu'à Paris: centres de tri, guichets, chèques postaux et CNE, sans parler du reste du pays.

Au-delà des problèmes directs qui ont entraîné cette première riposte, chacun pense aussi évidemment aux attaques de toute nature qui tombent en ce moment: retraites, Sécurité sociale, emploi en général, etc. Et il faut espérer que dans les jours qui viennent la riposte va s'étendre pour répondre à tout cela une fois pour toutes.

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