Le "temps de l'enfant"...et celui des licenciements24/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1812.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Le "temps de l'enfant"...et celui des licenciements

M. Lefebvre, maire de la commune de Cergy, accompagné de l'un de ses adjoints, de l'inspecteur d'académie ainsi que du directeur départemental de la Jeunesse et des Sports, a mené un débat sur "le temps de l'enfant" à la faculté de droit de Cergy, le jeudi 3 avril.

Des ATSEM, employées dans les écoles de Cergy étaient présentes pour l'interpeller sur les 29 suppressions d'emplois (sur 112 postes) prévues pour la prochaine rentrée.

Les ATSEM (le plus souvent des femmes) assistent les instituteurs dans les classes de maternelles. Elles sont indispensables pour accompagner un enfant aux toilettes, le changer si "c'était trop tard!", faire un câlin en cas de cafard, etc. Toutes ces petites choses qui font que les enfants s'adaptent plus facilement à l'entrée dans la vie scolaire.

Leur revendication est simple: maintien de "une classe, une ATSEM". C'est le mot d'ordre que l'on pouvait lire sur leurs banderoles, lorsqu'elles se sont rassemblées devant la faculté, après être sorties de la réunion, écoeurées du discours tenu par ceux dont dépendent leurs emplois. En effet, la décision est prise, les contrats à durée déterminée ne seront pas renouvelés pour 29 d'entre elles. Mais si l'on en croit le maire, leur situation n'est pas si dramatique, puisqu'elles pourront percevoir des indemnités de chômage!

Dois-je préciser que la couleur politique de l'équipe municipale de Cergy est dite de gauche, étiquette PS? Non, car je serai accusée de faire des amalgames!

Si les ATSEM s'étaient dispersées, après s'être donné rendez-vous au 25 avril, trois parents d'élèves soutenant leur revendication sont revenus dans la salle, et ont à nouveau interpellé le maire. La réponse donnée a été effarante de mépris; pas de jaloux, tout le monde en a pris pour son grade!

Les ATSEM ne sont pas considérées comme qualifiées pour être entendues dans le cadre d'un débat concernant des problèmes pédagogiques. M. Lefebvre s'est fait un plaisir de rappeler que les enseignants étaient recrutés bac + 7, sous entendu que les ATSEM étaient bien présomptueuses de penser jouer un rôle au sein des écoles maternelles.

Quant aux enseignants, selon la même personne, l'absence d'ATSEM dans leur classe les obligera enfin à faire leur travail!

Enfin, ceux des parents d'élèves qui, présents à ce débat, ont argumenté en mettant notamment en valeur le lien affectif indispensable qui se créait entre les ATSEM et les enfants, se sont entendu répondre que la présence d'ATSEM dans les classes de grande section de maternelle est non seulement inutile, mais préjudiciable à l'acquisition des apprentissages! ! !

Cette dernière réponse, à défaut d'être satisfaisante, a au moins le mérite d'être claire: les emplois, ça coûte cher, on va donc en supprimer, et nous expliquer que c'est pour notre bien!

S'il était encore besoin de faire la preuve d'une soi-disant gauche et d'une droite marchant main dans la main, l'exemple de ce qui se passe actuellement à Cergy est probant: une administration d'État (inspection académique) dirigée par un gouvernement de droite apportant des arguments pédagogiques à des élus de gauche, pour leur permettre de faire pointer au chômage 29 personnes supplémentaires; mais comme a répondu l'un des intervenants: 29 suppression d'emplois "mais ça n'est pas mon problème!"...

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