Mercredi 2 avril, à Saint-Léonard-de-Noblat, petite ville du Limousin, s'est déroulée une matinée ville morte, pour protester contre le dépôt de bilan de l'entreprise de porcelaine Dynastie Tharaud qui va laisser sur le pavé 77 ouvrières et ouvriers.

Une manifestation de 150 à 200 personnes a parcouru les ruelles de la ville, et, au fur et à mesure de son passage, les commerçants et artisans ont quasiment tous baissé leurs rideaux. Les salariés de la mairie, de La Poste, des hôpitaux ont débrayé, tandis que les cloches sonnaient et que les sirènes des pompiers hurlaient.

Au début de la manifestation, le responsable de l'Union locale CGT déclarait: « La situation présente de l'emploi rend illusoire et trompeur tout distinguo entre les patrons voyous, les mafieux et les aimables adhérents du Medef. Le capital a sa propre morale qui n'est pas celle des salariés; et les directions voyous sont partout, aussi bien chez BSN que chez Air Lib, chez Metaleurop que chez Matra, chez Daewoo que chez Bacarrat, et plus près de chez nous, chez Grimaud à Brive, Mingaud à Saint-Junien, les porcelaines de la Manufacture de la Reine à Saint-Yrieix... »

En fait, Dynastie Tharaud n'est qu'une partie d'une entreprise de 117 salariés dont le véritable patron est le porcelainier Haviland et Parlon. Mais lorsqu'il s'est installé à Saint-Léonard, en rachetant une autre entreprise de porcelaine, il a constitué 3 sociétés: les bâtiments, c'est HP SARL, le matériel Dynastie Tharaud et l'exploitation Haviland et Parlon. 40 salariés font partie de la société Haviland et Parlon, 77 de Dynastie Tharaud.

L'entreprise a bénéficié d'aides publiques lorsqu'elle s'est installée, et en particulier de la commune qui lui a cédé les bâtiments en location vente.

En mai 2002, des problèmes de trésorerie avaient été signalés, et l'entreprise a bénéficié de nouveau d'aides publiques, en particulier de la Région. Ce qu'elle en a fait, on ne le sait pas.

Avec cet argent, elle aurait acheté 2 ordinateurs. Le reste a disparu.

Les représentants du personnel au CE ayant demandé un droit d'alerte, Haviland et Parlon a déposé le bilan de la société Dynastie Tharaud... dont elle se propose de racheter le matériel pour quasiment rien.

Les 77 salariés de Dynastie Tharaud sont licenciés, et comme à tous les licenciés, on leur propose une cellule de reclassement, sur laquelle ils n'ont aucune illusion.

D'autres porcelainiers viennent de se précipiter... pour racheter la marque qui est connue, mais en laissant les travailleurs licenciés à la rue !

Ce que voudraient savoir les travailleurs licenciés, c'est ce qu'Haviland et Parlon a fait de l'argent public.