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La grève continuera à la rentrée !
Depuis le 31 mars, la grève reconductible lancée dans l'Éducation se poursuit dans le département de Haute-Garonne. Les visites aux établissements non encore touchés par la grève, les réunions de secteurs, les assemblées d'établissements ou les rencontres avec les parents d'élèves, mobilisent des centaines de grévistes. À l'appel du comité de grève et avec le soutien des syndicats (FSU, CGT, SUD, SGEN-CFDT) le vendredi 11 avril devait être un « temps fort » du mouvement.
A Toulouse
Ce jour-là, la manifestation réunit 2300 grévistes, avec aussi une délégation de grévistes venue du Tarn. Cette manifestation regonfla ceux qui étaient en grève depuis quinze jours, comme ceux qui avaient rejoint la grève après la journée nationale du 3 avril ou le jour même. Les taux officiels de grévistes sous-estimés par l'inspection académique donnaient: 18% dans le 1er degré, 28% dans le second degré, 28% en lycée, 25% chez les surveillants, 8% chez les Atoss et 21% chez les emplois-jeunes.
L'assemblée générale du vendredi 11 avril réunit 530 grévistes, dont 430 se prononcèrent pour la reconduction de la grève jusqu'au jeudi 17 avril, la veille des congés scolaires, avec le soutien des syndicats. L'assemblée s'est ralliée à l'appel de l'intersyndicale CGT-FO-CFDT-SUD-FSU-UNSA pour un rassemblement interprofessionnel le lundi 14 avril, contre la réforme des retraites, qui réunit 1000 personnes, dont la moitié de l'Éducation nationale.
Le lendemain, la quasi-unanimité des 450 assistants de l'AG toulousaine a voté la reconduction de la grève pour le mardi de la rentrée. Ce 15 avril était aussi une journée de grève pour toute l'académie appelée par les syndicats, et la manifestation a réuni un nombre bien plus important que la manifestation précédente.
Le 17 avril, les personnels de l'Éducation en grève devaient rejoindre la manifestation des travailleurs de l'EDF contre la privatisation et pour les retraites.
Cette convergence, c'est un des sujets de discussion, parmi d'autres: reprendre le mouvement dès la rentrée, oui, mais les syndicats lanceront-ils un mot d'ordre clair au plan national pour la grève? Pourquoi les syndicats de la fonction publique ou du privé n'annoncent-ils pas ensemble une date précise pour le début de la riposte? Il est question du 1er mai bien sûr. Pour la FSU, FO et l'UNSA il est aussi question de «quelque chose» pour la mi-mai dans la fonction publique, et... fin mai (avant le 28) pour la CGT.
Autrement dit, toutes les directions syndicales nous ont promis qu'elles vont réellement s'y mettre... en mai. Mais les grévistes réunis en assemblée générale ont clairement dit les choses en approuvant un «appel aux syndicats» qui affirme: la « situation exige une perspective d'ensemble pour tous les salariés. C'est pourquoi l'assemblée générale des grévistes de l'Éducation nationale 31, réunie le 11 avril 2003 s'adresse à vous pour que vous élaboriez au plus tôt un plan d'action national, unitaire, interprofessionnel et déterminé pour gagner. Les salariés ont besoin d'un appel clair de votre part en faveur d'une grève générale reconductible, seule réponse à la hauteur des attaques du gouvernement et du Medef ».
Au plan national, tous les syndicats (sauf FO) ont décidé que le 6 mai serait une journée de grève et de manifestations dans l'Éducation. En Haute-Garonne, ces syndicats (UNSA compris) appellent «à la grève reconductible, dès le mardi 6 mai de la rentrée...».
A Carcassonne-Castelnaudary
La grève s'est poursuivie jusqu'au « temps fort » du 11 avril. Le mardi 8 avril, une manif « casserolade » devant la préfecture a regroupé 600 grévistes dans un tonnerre de bruits divers, de slogans et de chansons. Le 11 avril, il y avait 400 grévistes au rassemblement de Narbonne et 500 à celui de Carcassonne. À l'assemblée de Carcassonne, les responsables de FO, SUD, CGT et FSU se sont succédé pour appeler à la suspension du mouvement à partir du lundi 14 avril, refusant que l'AG se prononce car ce serait « à chaque établissement de se prononcer localement ». Dans la confusion, l'assemblée s'est terminée de manière désordonnée, avec de l'amertume ou du désarroi pour certains devant une telle attitude démobilisatrice. Une nouvelle AG était néanmoins prévue pour le 16 avril.
A Perpignan
Dans les Pyrénées-Orientales, la journée du 3 avril a démarré le mouvement, avec une imposante manifestation de 4500 enseignants et agents du service public dans les rues de Perpignan, et le vote dans les différentes AG, dans le primaire et dans certains lycées, de la grève reconductible.
Dans le secondaire, une coordination départementale s'est mise en place, à l'initiative notamment des grévistes du lycée Jean-Lurçat, bientôt rejoint par plusieurs lycées et collèges de tout le département. Des enseignants du primaire, mandatés par leur AG, étaient présents. Leur comité de grève élu discute et organise les actions en direction des établissements scolaires, des parents d'élèves et des services publics. La cantine SNCF, le bureau de poste principal, le centre des impôts, la DDE... ont ainsi reçu la visite de délégations de grévistes venus expliquer leur mouvement, et exprimer la nécessité pour le service public de se mobiliser.
Alors que ce mouvement était bel et bien actif, certains responsables syndicaux, qui tenaient la tribune, ont proposé à l'AG du vendredi 11 avril... la reprise du travail pour lundi ! Un « coup » bien préparé, qui s'est traduit par un vote 132 voix pour, 132 voix contre. Cela a suscité l'indignation de grévistes bien déterminés à ne pas laisser saborder le mouvement.
Le soir même à Perpignan, une manifestation dynamique de plus de 2000 enseignants, procédant symboliquement à l'enterrement de l'Éducation nationale sur l'autel de l'économie du profit, montrait que la mobilisation restait entière.
Mais le « coup » a été sévère dans le primaire: l'AG est passée de 400 à 50, puis à 120 avec des enseignants « non grévistes » notamment de la FSU. Il est vrai que les représentants du syndicat FSU qui avaient appelé à la reprise vendredi 11 s'étaient fait sérieusement remonter les bretelles. Et si de nombreux grévistes se sont résignés à rentrer dans les écoles en ce début de semaine, ils l'ont tous fait en affirmant leur ferme intention de reprendre la grève à la rentrée des vacances. Et ils ont déjà reçu pour cela le soutien de parents d'élèves qui viendront occuper les écoles. Quant aux lycées et collèges, certains continuent à voter chaque jour la reconduite de la grève, d'autres organisent l'occupation des établissements par les parents d'élèves, et la plupart ont d'ores et déjà annoncé qu'ils seront en grève jeudi 17 avril pour aller manifester à Montpellier, manifestation pour laquelle des départs en autocars sont prévus.