La colère dans l’éducation nationale17/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1811.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

La colère dans l’éducation nationale

Des grèves ont continué dans l'Éducation nationale, dans les zones qui n'étaient pas en vacances. Ainsi, le vendredi 11 avril, 4000 personnes ont défilé dans les rues de Montpellier, la grève touchant alors 86 établissements dans le département. Des milliers de manifestants ont protesté également contre la politique de Chirac-Raffarin-Ferry à Perpignan, Toulouse, ou encore au Havre et à Marseille. Dans le même temps, à la Réunion, 111 établissements scolaires du second degré étaient en grève reconductible. Et, alors que 5000 personnes manifestaient le vendredi 11 avril, les agents de service de l'Éducation nationale (TOS) qui occupaient le rectorat se faisaient expulser par les CRS.

Dans la région parisienne, où les cours reprennent mardi 22 avril, une assemblée générale réunissant des établissements en grève de Seine-Saint-Denis, regroupant des enseignants, mais aussi les premiers visés par les mesures gouvernementales, des surveillants, des assistantes sociales, des conseillers d'orientation, ont appelé à poursuivre la grève dès la rentrée. Les syndicats SNES-FSU, FO, CGT-Éducation, Sud-Éducation, CNT ont lancé vendredi 11 avril un appel à la grève reconductible et à une journée de manifestation pour le jeudi 24 avril, deux jours après la rentrée. Manifestation qui devrait se rendre au ministère de l'Éducation nationale. Et une autre journée de grève pour l'ensemble du personnel de l'Éducation nationale est prévue le 6 mai.

Les raisons de la colère sont partout les mêmes. Il s'agit d'abord de protester contre les réductions drastiques de postes dans l'Éducation nationale. Aux 5600 suppressions de postes de surveillants, que vient de voter le Sénat, s'ajoute la suppression de 20000 postes d'aides-éducateurs. Même si le gouvernement parle de créer 14850 postes d'« assistants d'éducation » pour « remplacer » les surveillants (mais pas du tout aux mêmes conditions, on s'en doute), un simple calcul montre que cela aboutira à plus de 10000 adultes en moins dans les établissements. 6000 à 7000 postes d'enseignants seront supprimés, ce qui signifie d'une part que des enseignants contractuels (statut précaire dans l'Éducation nationale) ne retrouveront pas de travail, d'autre part que les remplacements ne seront plus assurés puisque les enseignants dont la fonction est d'assurer ces remplacements seront affectés à des postes fixes.

Dans l'enseignement du premier degré, seules 1000 créations de postes sont prévues dans le prochain budget 2004 pour 55000 élèves supplémentaires. Le budget 2003 prévoyait 1000 créations de postes pour une augmentation de 27000 élèves. De plus, le projet de décentralisation du gouvernement va entraîner le transfert de 150000 fonctionnaires vers les collectivités locales dont 110000 personnes, ouvriers d'entretien, assistants sociaux, médecins scolaires, conseillers d'orientation psychologues sociaux. Il ne s'agit pas d'un simple changement de statut pour ces salariés. Mais de l'aggravation de leurs conditions de travail, et parfois le risque que ces emplois disparaissent. Et pourtant ils jouent un rôle indispensable. Et il faut s'imaginer les conséquences de ne plus disposer d'aucune infirmière dans un établissement de 600 ou 1000 élèves!

Enfin, le personnel de l'Éducation nationale, comme les autres salariés, redoute à juste titre les attaques programmées contre les retraites.

Ces grèves concernent donc l'ensemble des salariés de l'Éducation nationale, et elles constituent un enjeu très important pour l'éducation des jeunes, et aussi la défense des conditions d'enseignement pour tous les élèves, en particulier ceux des milieux les plus populaires.

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