Eurotunnel, société exploitant le tunnel sous la Manche, vient de déposer auprès du gouvernement une licence d'opérateur ferroviaire. Fort, dit-il, de l'expérience acquise par ses équipes sur le plan commercial comme sur le plan opérationnel «dans le contexte international du trafic transmanche», Eurotunnel ne veut plus se contenter de faire la navette sous la Manche. Il affiche des ambitions à l'échelle du territoire et se déclare prêt « à travailler en partenariat avec d'autres opérateurs ». Bref, il a les dents longues et le fromage que représente l'importance du réseau ferré donne de l'appétit.

Il faut dire que, pour Eurotunnel, l'année 2002 s'est conclue par des profits exceptionnels, avec un résultat net de 508 millions d'euros. La fermeture du centre de réfugiés de Sangatte a joué son rôle dans ce succès. Les clandestins qui tentaient de passer en Grande-Bretagne avaient beaucoup perturbé son activité et la régularité de son trafic en 2001 et en partie en 2002. Eurotunnel avait dépensé pas moins de 6 millions et demi d'euros pour clôturer de barbelés et de miradors son enceinte... sans réussir toutefois à empêcher l'afflux de réfugiés.

Satisfait des mesures prises par Sarkozy, le président du conseil d'administration d'Eurotunnel rappelait toutefois en février dernier qu'« il est impératif que les gouvernements continuent d'assurer l'ordre public, surtout si un afflux de réfugiés arrive en cas de guerre contre l'Irak »... Il a toutes les chances d'être entendu.

Voilà comment le service public que représente l'ensemble du réseau ferré, avec ses installations et son matériel, sera mis encore un peu plus qu'auparavant au service des intérêts capitalistes privés.