Affaire Elf : La caisse noire de l’or noir17/04/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/04/une1811.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire Elf : La caisse noire de l’or noir

Lundi 14 avril, l'audience du procès Elf était consacrée aux dépenses personnelles de l'ex-PDG, Le Floch-Prigent, prises en charge par le groupe pétrolier.

Dans une audience antérieure, l'ex-PDG avait bien voulu admettre que le groupe pétrolier disposait d'une «caisse noire» destinée à financer les hommes politiques. Mais il prétendait en ignorer les détails et renvoyait les juges à ses adjoints Sirven et Tarallo.

D'où un certain malaise à cette audience où l'ex-PDG était placé face aux «dépenses personnelles» consenties en sa faveur par le groupe industriel.

Il est notamment question d'un hôtel particulier situé dans le 16ème arrondissement de Paris, rue de la Faisanderie (la bien nommée!), d'une surface de plus de 800 m2 et doté d'un jardin de 300 m2. C'est que, voyez-vous, l'appartement antérieur, destiné au précédent PDG d'Elf, n'avait que 300 m2 et était bien trop petit pour organiser des réceptions et recevoir ministres, clients et partenaires du groupe Elf.

Pour tenter de masquer ce qui relevait de l'abus de bien social, la vente a été réalisée au travers d'une série d'intermédiaires, dont quelques-uns se renvoyaient la balle au cours de l'audience. Il en a coûté un peu plus de 9 millions de dollars (ou d'euros) au groupe Elf, réglés sur les fonds secrets de Sirven. Et, bien sûr, il a fallu aussi y faire quelques menus travaux -700000 francs pour l'aménagement d'une cuisine, notamment- réglés également par Elf. Par la suite, cet hôtel particulier a servi de commission «en nature» à Bongo, le président du Gabon, vieil homme de paille du trust pétrolier.

La prochaine audience devait examiner les frais engagés pour une résidence secondaire en Normandie, ainsi que la prise en charge des frais de divorce de l'ex-PDG, comprenant une pension alimentaire mensuelle de 30000 francs versés à son ancienne compagne, une mise à la disposition de celle-ci d'un capital de 19 millions de francs et un appartement à Londres, le tout avec la bénédiction de Mitterrand car, a expliqué l'ex-PDG, il fallait acheter le silence de son ex-épouse informée du fonctionnement des coulisses du groupe.

Comme on le voit, les grands groupes industriels qui prêchent à leurs employés les vertus de l'austérité salariale font montre d'une grande mansuétude vis-à-vis de leurs collaborateurs haut placés, pour qui rien n'est apparemment ni trop beau ni trop cher. Jusqu'à même prendre en charge les dépenses nécessaires pour permettre au PDG et à son épouse de se quitter bons amis. Avec cet exemple, qu'on ne vienne plus dire que le groupe Elf, aujourd'hui TotalFinaElf, ne fait rien sur le plan social!

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