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Leur société
Procès Elf : La partie visible de l'iceberg
Le procès Elf entre dans sa quatrième semaine. La Justice s'intéresse aujourd'hui à l'un des volets d'une affaire qui dure depuis plus de huit ans déjà: celui des sociétés fiduciaires, des comptes à numéros et des détournements de fonds de la compagnie pétrolière. Sur le banc des accusés: Loïk Le Floch-Prigent, ancien PDG d'Elf-Aquitaine, Alfred Sirven, son bras droit et, enfin, André Tarallo, le "Monsieur Afrique" du groupe pétrolier.
Mais les hommes politiques au pouvoir durant ces dernières décennies qui ont tiré les ficelles du groupe pétrolier d'État, sont les grands absents de ce procès fleuve; un procès parti pour faire des révélations... sur ce que l'on sait déjà!
L'actuel procureur de la République a refusé d'ouvrir une nouvelle enquête sur le financement des partis politiques pour cause de déclarations "imprécises". Après que l'ancien PDG d'Elf-Aquitaine, Loïk Le Floch-Prigent, eut déclaré à la barre "qu'Elf finançait l'ensemble de la classe politique", y compris la gauche qui, par la voix de Mitterrand avait réclamé un rééquilibrage des financements en faveur du Parti Socialiste. Bref, la classe politique pourra dormir sur ses deux oreilles! À l'origine, la compagnie pétrolière Elf-Aquitaine a financé les réseaux gaullistes oeuvrant dans le pré carré africain, corrompu les chefs d'État pour mieux exploiter les richesses pétrolières de leurs pays, soudoyé les intermédiaires et acheté les hommes politiques, tout en multipliant les sociétés-écran pour faire disparaître les traces de cette gigantesque entreprise de corruption (Elf comptait plus de 4000 filiales au temps de la présidence de Le Floch-Prigent). Une "caisse noire" existe depuis les origines du groupe. Elle a permis de financer les conquêtes pétrolières de l'impérialisme français pendant près de quarante ans aux quatre coins de la planète et au passage... "aider" quelques amis, de droite ou de gauche, à faire face à leurs "frais" de campagne électorale.
Alferd Sirven, l'homme qui prétendait faire "sauter vingt fois la République" avec ses révélations lors de son arrestation aux Philippines... est resté dans le flou et a tout simplement refusé de "cracher le morceau". Bien qu'il fût l'un des piliers du "système-Elf", cet homme de l'ombre gérait une manne occulte de 5 millions de dollars par an (autant d'euros) qui lui servait à corrompre tout ce qu'il voulait. Lors de son audience, Sirven a prétendu avoir une "éthique personnelle" et s'est refusé à "balancer" les politiques! Ce fidèle serviteur a donc le sens de l'État et celui des intérêts des grandes entreprises... Spécialiste des coups tordus et des basses oeuvres d'Elf, rompu à tous les exercices de voltige de la haute finance, nageant dans les eaux troubles de la corruption, Sirven a au moins retenu une leçon: dans le milieu des affaires comme dans le milieu tout court, la loi du silence est la règle...
Alors il y a fort à parier que ce volet du procès Elf ne "dévoile" que des aspects mineurs d'un vaste système d'exploitation, de pillage et de corruption bien représentatif du fonctionnement du système capitaliste.