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Espagne : Non à l'interdiction de Batasuna !
Lundi 17 mars, le tribunal suprême espagnol a décidé, à l'unanimité, de mettre hors la loi la coalition indépendantiste basque, Batasuna. Cette décision frappe également Euskal Herritarok (EH) et Herri Batasuna (HB), deux appellations antérieures de cette même formation. Cette décision confirme les poursuites engagées en septembre 2002 contre cette formation nationaliste.
Le gouvernement espagnol, associé aujourd'hui à l'intervention impérialiste anglo-américaine contre l'Irak, avait justifié l'interdiction de Batasuna par son refus de condamner clairement les attentats du groupe armé ETA, dont Batasuna était considéré comme la formation légale. Elle comptait, à ce titre, quinze députés, une soixantaine de mairies et un millier d'élus.
La décision du tribunal espagnol s'appuie sur une nouvelle loi adoptée en juin 2002 qui permet d'interdire les formations risquant de " détériorer ou de détruire le régime de libertés et le système démocratique " notamment par un soutien " actif ou passif au terrorisme ". Cette loi, très contestée, a fait l'objet d'un recours du gouvernement basque auprès du tribunal constitutionnel qui l'a rejeté. La rapidité de ce rejet a surpris, car en général un tel recours prend deux ans. Cela trahit la hâte de l'État espagnol à en finir... provisoirement.
Car, si Aznar a manifesté sa satisfaction ainsi que le représentant du Parti Socialiste Basque, il n'est pas sûr que cette décision, au lieu de marginaliser le courant indépendantiste, ne lui apporte au contraire de nouveaux suffrages aux prochaines élections municipales. Batasuna pourrait être relayé par les quelque quarante associations indépendantistes apparues en Pays basque, quand s'est profilé cette interdiction.
Bien que Lutte Ouvrière soit totalement opposée à l'impasse terroriste dans laquelle s'est enfermée ETA, nous tenons à protester contre l'interdiction de Batasuna qui est une atteinte aux libertés démocratiques les plus élémentaires et qui va priver ce mouvement de ses formes d'expression publique, puisque sa presse notamment, mais aussi toutes ses formes d'organisation sont désormais illégales.
Sollicitées par l'unique député européen de Batasuna, les députées européennes de Lutte Ouvrière, Arlette Laguiller, Armonie Bordes et Chantal Cauquil se sont donc associées à la protestation contre la dissolution de cette organisation.