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Dans le monde
Irak : La sale guerre de Bush pour la mainmise sur le Moyen-Orient
Deux semaines après le déclenchement de l'offensive anglo-américaine en Irak, les dirigeants américains annoncent une guerre "plus longue que prévue". Leur armée n'a pas été accueillie en libératrice, les combats avec l'armée irakienne font rage et, pour progresser, les soldats américains en sont réduits à contourner les villes, c'est-à-dire à occuper essentiellement les parties désertiques du pays.
Parallèlement, la population et en particulier celle de Bagdad subit des bombardements de plus en plus violents et massifs censés préparer la conquête des villes. Des missiles tombent sur des marchés, faisant d'un seul coup des dizaines de victimes hommes, femmes, enfants, vieillards. Les soldats américains tirent sur des véhicules et en tuent tous les occupants, puis disent qu'ils ont craint une attaque-suicide. Les porte-parole de l'armée américaine ne prétendent même plus qu'elle épargne les civils, disant tranquillement que c'est bien dommage, mais qu'on ne peut faire la guerre sans en tuer.
Voilà donc les premiers résultats de l'aventure militaire dans laquelle s'est lancée l'armée de la première puissance du monde. Cette expédition qui prétendait "libérer" les Irakiens est en train de détruire un pays déjà affaibli par des années de privations dues à l'embargo et de causer des souffrances sans nombre à sa population, prise dans l'enfer des bombardements, privée d'eau, d'électricité, de soins, prise en tenailles entre l'occupation étrangère et le régime de Saddam Hussein.
Les soldats américains eux-mêmes, en général des jeunes recrues auxquelles on avait promis une promenade militaire, font connaissance avec la guerre et son cortège d'horreurs et doivent maintenant s'attendre à des mois de combats, de stations prolongées dans le désert, dans les tempêtes de sable et dans la chaleur, parfois dans l'attente d'un ravitaillement qui n'arrive pas. Et aux États-Unis, Bush et son gouvernement demandent des sacrifices à la population américaine, en commençant par d'énormes dépenses militaires.
Oui, cette guerre, ce sont les peuples qui la payent, en premier lieu le peuple irakien. Mais les populations américaine et britannique la payeront aussi, et même celles des pays non directement engagés dans le conflit. Bush et ses compères n'en affichent pas moins leur satisfaction. D'après eux, les choses vont comme elles devaient aller: ils ont déjà attribué les marchés de l'après-guerre à un certain nombre de grandes entreprises, souvent dirigées par leurs amis. Les promesses de profits sont bonnes, que ce soit du côté des ventes d'armes, du côté des concessions de pétrole irakien que ces sociétés vont s'approprier, ou du côté de la reconstruction; une reconstruction qui ne sera pas celle de maisons pour les civils mais de ports, de pipe-lines ou de sièges de banques qui serviront à engranger les bénéfices que l'on extorquera au peuple irakien.
Quelles que soient les promesses d'apporter "la démocratie, la prospérité" au peuple irakien, faites par Bush sans même avoir l'air d'y croire, cette guerre est une agression inqualifiable contre un peuple préalablement affamé, désarmé; tout cela sous prétexte de débarrasser le pays d'une dictature qui s'est mise en place et consolidée avec l'aide de ces mêmes gouvernements et trusts occidentaux, et à laquelle ils ne voyaient aucun inconvénient tant qu'elle s'alignait sur leur politique.
Quant aux véritables buts de cette agression, c'est tout simplement d'assujettir l'Irak, et en fait tout le Moyen-Orient, aux intérêts des trusts occidentaux, pétroliers en premier lieu. La "guerre préventive" dont se réclament Bush, Rumsfeld et consorts, vise à garantir la stabilité de ce contrôle des richesses de la région pour les années à venir.
Cette entreprise passe par un contrôle direct de l'Irak par une administration américaine, éventuellement avec la caution de l'ONU. Celle-ci viendrait ainsi après coup légitimer la guerre, à supposer que celle-ci se termine effectivement par la chute du régime de Saddam Hussein. Ce ne serait même pas pour autant la fin de la dictature car la ou les puissances occupantes chercheraient des appuis auprès d'une partie des forces armées, de la police, des généraux qui sont aujourd'hui encore l'armature du pouvoir, de son pouvoir. Un véritable régime colonial, relayé si possible par des chefs de guerre locaux, voilà ce que l'intervention américaine prépare en Irak.
Sans doute, malgré toute la puissance de feu américaine, celle-ci n'a pas encore gagné. Et surtout, le déroulement de la guerre laisse présager ce que sera le régime futur de l'Irak et de quelle haine il sera entouré, aussi bien au sein de la population du pays que dans l'ensemble des pays arabes. Un Irak conquis par l'armée américaine ne sera pas sûr, et pendant longtemps, pour les occupants: attentats, attentats-suicide, révoltes, rebellions de factions militaires risquent de se multiplier. Une fois encore, la "guerre contre le terrorisme" que prétendent mener Bush et consorts risque surtout de nourrir ce terrorisme en exacerbant la haine à l'égard de leur armée et de leurs trusts.
La véritable cause de l'instabilité du Moyen-Orient est bien là d'ailleurs: dans cet appétit des trusts occidentaux pour les richesses de la région, dans la façon dont ils l'ont morcelée entre régimes féodaux et dictatures militaires rivales, attisant les divisions ethniques et les conflits locaux propres à garantir l'exploitation de la région et la mise en coupe réglée de ses richesses par l'impérialisme, au détriment de la vie des peuples.
Alors la guerre dans laquelle les dirigeants américains se sont engagés n'est pas près de finir, et promet malheureusement encore bien des souffrances, bien des morts et des conflits sanglants et bien des drames, y compris d'ailleurs pour la population américaine. Et cette guerre confirme de façon tragique combien il est urgent de débarrasser la planète du système de domination impérialiste, un système basé sur l'exploitation et finalement sur la guerre et le sang des peuples.