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Dans les entreprises
Péchiney : Un patron licencieur
Alors que la fermeture de l'usine de production d'aluminium Péchiney d'Auzat (Ariège) avait été annoncée en janvier dernier, la direction locale a annoncé le 19 mars qu'elle voulait arrêter les cuves d'électrolyse dans les six jours pour des raisons de sécurité.
Il est vrai que la sécurité n'était plus assurée. Les "pertes de courant" de plus en plus importantes multipliaient les risques d'électrocution: en un an il y a eu neuf électrocutions avec conséquences graves, même si aucune n'a été mortelle. Les séquelles ont été importantes: brûlures, déchirures musculaires, et autres suites des violents chocs subis. Une partie du courant des cuves passait dans les armatures de la dalle en béton: par les fissures, on voyait parfois des flammes... Les manoeuvres, en particulier avec les ponts, devenaient très dangereuses. Dernièrement un pontonnier qui descendait de son pont a subi un arc entre les pieds: le muscle de son mollet a "explosé" sous la contraction et il a été gravement brûlé. Quatre travailleurs sont d'ailleurs encore en arrêt suite à des électrocutions.
Il y eut un jour 400 volts entre la dalle qui supporte les cuves et l'extérieur de l'usine. Les nouvelles chaussures, plus isolantes, fournies dernièrement n'étaient qu'une piètre protection.
En fait, depuis cinq ans, Péchiney a d'une part augmenté l'intensité du courant (pour produire plus), d'autre part supprimé des opérations d'entretien (en particulier le nettoyage des caniveaux recevant les coulures d'aluminium) et n'a fait aucun investissement, dans une usine programmée pour fermer, selon ses dires, au plus tard en 2005. Les travailleurs ont décidé, puisque la direction reconnaissait enfin la dangerosité de l'usine, de couper immédiatement le courant, sans prendre six jours de risque supplémentaires pour "sauver" l'aluminium présent dans les cuves.
Raffarin a osé féliciter la direction de Péchiney pour la qualité de ses plans sociaux: il a oublié de préciser dans quelles conditions cette direction fait travailler le personnel avant les fermetures. En quoi la direction de Péchiney est-elle moins "voyou" que celle de Metaleurop? Sans compter que, parmi les travailleurs d'Auzat, certains venaient d'être mutés de l'usine de Marignac fermée il y a quelques mois.
Pour dénoncer cette situation, un cortège des Péchiney était en tête de la manifestation du 21 mars à Toulouse: 150 personnes (travailleurs, mais aussi femmes et retraités) pour crier leur colère. Après qu'une délégation eut été reçue en préfecture, ils sont repartis en manifestation durant deux heures, au grand dam des policiers désarçonnés par cette manifestation non programmée.
Seule une convergence de leur lutte avec les autres victimes des licenciements actuels pourra semer la crainte dans les rangs patronaux et gouvernementaux. Quant aux élus locaux qui aujourd'hui disent soutenir la lutte, on peut se demander s'ils continueront après la cantonale partielle de dimanche prochain.