Nigeria : Aprèsavoir pillé et pollué, les trusts pétroliers ferment leurs sites27/03/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/03/une1808.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Nigeria : Aprèsavoir pillé et pollué, les trusts pétroliers ferment leurs sites

En quelques jours, la plupart des compagnies pétrolières opérant au Nigeria, premier producteur de pétrole en Afrique et sixième producteur mondial, ont annoncé la fermeture de leurs sites de production dans la région du delta du Niger. Ces fermetures décidées par l'anglo-néerlandais Dutch-Shell, l'américain Chevron-Texaco et le français TotalFinaElf devraient entraîner une réduction de 40% de la production nationale de pétrole. Elles auront donc de graves conséquences pour ce pays qui tire de l'or noir 96% de ses recettes à l'exportation.

Les compagnies justifient leur décision par le climat de violence qui règne dans cette région. Depuis quelque temps, le delta du Niger est effectivement le théâtre de violents affrontements entre les milices privées des compagnies et l'armée d'une part, et les combattants Ijaws -ethnie majoritaire dans la région- d'autre part. Les combats ont déjà fait des dizaines de morts dans les deux camps.

Les Ijaws prennent pour cible les installations pétrolières afin de faire valoir leurs droits; ils réclament des compensations financières pour les dommages que les compagnies ont infligés à leur environnement. Depuis des décennies que les trusts pétroliers se sont installés, ils ne se sont pas contentés de piller les ressources de la région, ils l'ont aussi gravement polluée, et plus particulièrement les zones marécageuses du delta, où la pêche constitue la principale activité des populations locales. Et la colère des Ijaws est renforcée par les exactions que perpétuent les forces gouvernementales dans leurs villages.

Ce n'est pas la première fois que les populations laissées pour compte du delta se révoltent et qu'elles se heurtent à une féroce répression. En 1995, l'écrivain Ken Saro-Wiwa, du Mouvement pour la survie du peuple ogoni, fut jugé et pendu par le régime du général Abacha. Ces rébellions ont d'ailleurs obligé les trusts pétroliers à faire quelques gestes, soit pour limiter les dégâts faits à l'environnement, soit pour aider au développement local.

Il n'en demeure pas moins que les énormes dividendes du pétrole profitent surtout aux actionnaires des grandes compagnies, ainsi qu'aux cadres du régime et de l'armée, tandis que les populations restent cantonnées dans la misère et le sous-développement.

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