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Marseille : Des espaces de jeux pour les enfants!
A Marseille, les parents des enfants des quartiers concernés par la vaste opération immobilière, "Euroméditerranée" essaient d'obtenir des jardins et des espaces de jeux pour les enfants. Mercredi 19 mars, dans l'après-midi, lassés de n'obtenir aucune réponse des officiels, une centaine de parents avec leurs enfants ont transformé la place de la Joliette en terrain de jeux.
Les petits étaient enthousiastes. La place de la Joliette est surtout remarquable par sa surface bétonnée, son absence de bancs et une sorte de pont couleur cuivre, oeuvre artistique et symbolique, nous dit-on. Les enfants l'ont utilisé comme toboggan. Les parents étaient venus avec des vélos, une petite balançoire, ce que chacun avait comme équipement, qui a été mis à la disposition des petits.
Les enfants de la place, ceux qui, jouant au foot, tirent habituellement sur les buts représentés par le guichet de la caisse d'épargne, et se débrouillent entre les voitures pour réaliser leurs passes, comme ceux, plus petits, amenés par leurs parents, grossirent la troupe.
Pendant que les enfants s'activaient et dévoraient quelques biscuits, les femmes du collectif distribuaient des tracts, affichaient de grands panneaux explicatifs et faisaient signer la pétition portant le nombre de signatures à 1300.
Cela fait plus d'un an que les parents demandent que, dans le cadre des énormes travaux du projet "Euroméditerranée", des espaces soient réservés et aménagés pour que les enfants puissent jouer. De vastes espaces sont libérés dans les quartiers concernés par la démolition de pâtés de maisons, de hangars, d'entrepôts et d'usines, rachetés par "Euroméditerranée", établissement public financé par la Ville, le Département, la Région, l'État et même l'Europe, c'est-à-dire aussi par les habitants de ces quartiers.
Mais, si Bouygues-immobilier, Thouard, Kaufmann et Broad ont trouvé là des champs d'investissement, largement aidés par les financements publics, les habitants de ces quartiers, modestes, voire pauvres, plus souvent locataires que propriétaires, ne voient monter que des immeubles de bureaux. Création de logements sociaux, de crèches, de jardins d'enfants, d'espaces de jeux, de parcs pour les personnes âgées, agrandissement des écoles, rien de tout cela n'apparaît.
Depuis un an, le collectif, appuyé sur la pétition, s'est adressé aux responsables d'"Euroméditerranée" et à la Mairie de secteur, sans obtenir autre chose que des réponses dilatoires ou de vagues promesses.
Jouant sur les mots les responsables promettaient "des espaces verts", c'est-à-dire des avenues arborées ou... la place de la Joliette et son béton agrémenté de quelques arbres. Quant aux surfaces promises elles étaient minuscules.
Les parents veulent plusieurs jardins et espaces de jeux de proximité, équipés, fermés, gardés et entretenus pour les petits et pour les sportifs en herbe.
"Euroméditerranée" couvre 311 hectares. Une circulaire ministérielle du 8 février 1973, signée à l'époque par Jacques Chirac, alors ministre de l'Agriculture, évalue les besoins de la population en espace vert à 10% de la superficie, soit dans ce cas 30 hectares. Cette circulaire précise que ces espaces doivent être d'au moins 1500 m2 et que les boulevards ou les places bordées d'arbres n'en font pas partie.
Convaincu de l'inutilité des réunions dites de concertation, le collectif a décidé de passer à des actions plus visibles. Pour un début l'occupation de la place a été une réussite. Mais les intérêts immobiliers sont puissants et il faudra encore beaucoup d'actions pour obtenir satisfaction. Le collectif est bien décidé à se faire entendre, comme d'ailleurs les autres associations qui agissent dans ces quartiers et qui se soutiennent mutuellement.