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Dans le monde
L'enjeu pétrolier
Le 17 mai 2001, le vice-président américain Dick Cheney avait présenté un rapport proposant une stratégie pour permettre aux États-Unis de faire face à leurs besoins en pétrole. Il prévoyait qu'entre 2001 et 2002 la dépendance américaine vis-à-vis des réserves mondiales de pétrole grimperait de 52 à 66%. Et il estimait qu'en 2020 les États-Unis devraient importer 60% de pétrole en plus de ce qu'ils importent actuellement. La consommation des États-Unis passerait de 10,4 millions à 16,7 millions de barils.
Or les réserves irakiennes sont d'ores et déjà estimées à 112 milliards de barils (près de 10% des réserves mondiales). De plus l'Irak, du fait des guerres successives, est le seul pays pétrolier à disposer de réserves connues mais non exploitées, les plus importantes du monde après celles de l'Arabie Saoudite (261 milliards de barils).
Jusqu'à présent, les États-Unis n'avaient pas réussi à prendre pied en Irak. Le pétrole irakien est principalement exploité par des entreprises françaises (TotalFinaElf), russes (Loukoil) ou chinoises (Chinese Petroleum). On compte aussi quelques outsiders: la compagnie britannique Shell, Agip (Italie), Repsol (Espagne), ONGC (Inde) et Sonatrach (Algérie).
Pour les États-Unis, la guerre serait donc un moyen pour offrir ce marché au géant américain des hydrocarbures: Halliburton. On sait que les Bush, père et fils, étaient liés au monde du pétrole texan. L'actuel président est d'ailleurs un ex-collaborateur de deux compagnies pétrolières, Arbusto et Spectrum. Mais c'est également le cas du vice-président Dick Cheney, qui est justement l'ex-PDG d'Halliburton.
Le pétrole non seulement est une matière très profitable pour les compagnies pétrolières qui l'exploitent, mais il présente également une dimension stratégique qui, pour l'administration Bush, valait bien cette guerre. La précédente intervention en Afghanistan a permis aux États-Unis de renforcer leur présence en Azerbaïdjan, en Ouzbekistan, en Kirghizie, et plus récemment en Géorgie. Parmi les objectifs à plus long terme, l'impérialisme américain cherche à prendre le contrôle des grands axes d'approvisionnements en hydrocarbures que sont le Caucase et le Proche-Orient (ainsi que la Colombie, le Venezuela et l'Angola), espérant ainsi pouvoir contenir leurs rivaux russe et chinois (la Chine s'approvisionne pour 60% de ses besoins au Proche-Orient).
Prendre le contrôle du pétrole irakien par la force est une étape dans ce processus. Selon les spécialistes, les institutions irakiennes en charge du pétrole seraient parmi les plus efficaces des États membres de l'OPEP. C'est ce qui rend ce marché "hautement attractif" aux yeux des États-Unis, qui sont alléchés par des coûts de production considérés comme les plus faibles du monde. Et c'est ce qui inquiète les dirigeants de TotalFinaElf, qui ont dépensé quelques millions de dollars pour des études géophysiques et qui craignent d'être écartés de ce pays.
La coalition anglo-américaine, de son côté, à déjà calculé qu'il faudrait dépenser quelque 25 milliards de dollars pour mettre en exploitation les champs vierges et doubler ainsi la production.