DDE - Grenoble : Grève contre les sanctions27/03/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/03/une1808.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

DDE - Grenoble : Grève contre les sanctions

Vendredi 21 mars, les agents d'exploitation qui travaillent à l'entretien des VRU (voies rapides urbaines) autour de l'agglomération grenobloise étaient en grève. Ils étaient venus à une quinzaine protester contre les sanctions infligées à trois d'entre eux par le directeur départemental.

Ce directeur, en place depuis un an, s'est tout de suite distingué par ses nombreuses notes de menace et de sanctions envers le personnel de petites catégories et des militants CGT. Une de ses préoccupations favorites est de faire la chasse à tous ceux qui utiliseraient des véhicules de service pour manifester, voire simplement pour se rendre à une assemblée syndicale.

Bien que cela soit en principe interdit, manifester avec les camions, fourgons et autres véhicules de service a toujours été une tradition à l'Équipement, en Isère comme dans bien d'autres départements. Les agents ne font là qu'utiliser leurs propres outils de travail. Ainsi lors de la grève de décembre 2001 contre l'application de l'ARTT, qui avait duré dix-sept jours avec des actions assez dures de blocage sur les routes, les agents avaient réquisitionné une centaine de camions et chasse-neige, qu'ils avaient stationnés sur un parking de la DDE en cachant soigneusement les clés et en dégonflant les pneus.

En septembre dernier, les agents des VRU s'étaient rendus avec trois fourgons de service vers 17 heures pour manifester à l'inauguration d'une passerelle où se pressait tout le gratin des élus, du préfet au député socialiste Didier Migaud, également président de la Métro (Communauté de communes de l'agglomération grenobloise). Les agents ont dérangé la petite fête pour dénoncer la privatisation d'une partie de leur travail, privatisation qui s'est faite avec la complicité des élus de gauche de la Métro.

Plus de quatre mois après, en février de cette année, trois agents des VRU recevaient des lettres de sanction pour avoir utilisé les fourgons de service dans cette manifestation. La direction prétendait s'appuyer sur le témoignage d'un chef de service, pourtant bien incapable de voir les fourgons de là où il se trouvait le jour de l'inauguration. Parmi les trois sanctionnés, un était en maladie, l'autre ne travaillait pas cette après-midi-là. Les deux sont venus à la manifestation avec leur véhicule personnel. Quant au troisième, il n'est pas venu du tout manifester!

Dans un premier temps, les agents ont tous signé une pétition pour soutenir leurs collègues, pendant qu'une plainte était déposée contre le chef de service qui a fait un faux témoignage. Mais, malgré cela et les nombreux témoignages qui contredisaient ses affirmations mensongères, la direction a tenu à maintenir ses sanctions, même si elle les a transformées en de simples avertissements.

Elle a même trouvé un nouveau témoin qui aurait reconnu l'agent qui n'a pas participé à la manifestation: le directeur adjoint en personne. Un monsieur que l'agent, lui, ne connaît ni de nom ni de visage!

Personne n'est dupe. Par ces sanctions, le directeur veut aussi faire pression sur les agents pour imposer une nouvelle organisation du travail. Sur les trois sanctionnés, deux sont des militants CGT qui mènent avec leurs collègues, depuis deux ans, une bagarre pour refuser la nouvelle indemnisation des heures supplémentaires mise en place par Gayssot quand il était ministre de l'Equipement. Il s'agit de remplacer le paiement des heures supplémentaires par une prime appelée ISH (indemnité de sujétion horaire) où les heures sont payées au rabais, par exemple 10% pour les premières heures supplémentaires et celles du samedi, 20% pour celles du dimanche, 30% pour les heures de nuit et 50% pour les jours fériés. De plus, rien n'est garanti pour l'augmentation annuelle de cette prime qui risque fort de stagner alors que les heures supplémentaires, elles, sont indexées sur le salaire.

Le jour de la grève, le directeur a fait "réquisitionner" (sur ordre du préfet) cinq agents, sous prétexte d'assurer la sécurité des usagers. C'est la première fois que l'on voit cela en Isère. On connaissait les réquisitions pour les grèves en hiver, avec la neige. Mais avec le beau soleil qui brille en ce moment sur Grenoble, ces "maintiens dans l'emploi" avaient tout l'air d'une atteinte au droit de grève. Les agents sanctionnés ont déposé un recours au tribunal administratif contre les sanctions.

Comme le faisait remarquer un tract de la CGT, les agents ont utilisé trois fourgons après leur travail en s'arrêtant sur le chemin du retour pour manifester à l'inauguration de la passerelle. Ils n'ont pas fait plus que les nombreux chefs de la DDE qui étaient venus ce jour-là, chacun avec leur véhicule de service, pour trinquer en l'honneur d'une passerelle, avec élus, préfet, etc.

Partager