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Dans les entreprises
Crédit Agricole + Crédit Lyonnais : Addition de banques et réductions d'effectifs
Pour acheter en Bourse le Crédit Lyonnais, le Crédit Agricole devait en passer par un certain nombre d'autorisations. Il a obtenu celle du CECEI (Comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement) le 13 mars, et l'opération est donc en route, avec toutes les conséquences qui peuvent être préoccupantes pour le personnel.
Dans les années 1990, le "trou" du Crédit Lyonnais a défrayé la chronique. Distribuant des sommes colossales aux capitalistes de tout poil, spéculant sur tous les marchés et notamment l'immobilier, la banque alors nationalisée s'est retrouvée en état de quasi-faillite.
L'état-major de la banque, les dirigeants du Trésor et de la Banque de France, les gouvernements -de gauche comme de droite- qui avaient géré le CL ou couvert ses pratiques, s'en sont tirés sans problème.
Par contre l'addition, de plusieurs dizaines de milliards de francs, a été présentée aux contribuables.
Quant au personnel du CL, il a payé lui aussi. Avec la nouvelle direction, et Peyrelevade à sa tête, 10000 emplois ont été supprimés (le quart de l'effectif) en dix ans, à coups de plans dits "sociaux". Elle a en outre utilisé la loi de Robien, avec à la clé des réductions d'horaires, mais aussi de salaire, pour 7000 salariés, et pour elle des réductions de cotisations sociales!
Le CL est ainsi devenu de plus en plus rentable. Il a été privatisé par Jospin en 1999. Un "noyau dur" (le GAP) de gros actionnaires a été mis en place. Le Crédit Agricole en détenait la plus grosse part. Le gouvernement d'alors misait sur un futur "rapprochement" du CA et du CL.
Fin novembre 2002, le gouvernement Raffarin a vendu aux enchères les 10,9% du capital du CL encore détenus par l'État. C'est BNP Paribas qui a raflé la mise, en déboursant pas moins de 2,2 milliards d'euros. Une semaine plus tard, suite à des achats d'actions CL en Bourse, BNP Paribas détenait plus de 16% du capital.
Le Crédit Agricole annonçait ensuite qu'il comptait racheter l'intégralité du CL, et lancer en Bourse une OPA-OPE (Offre Publique d'Achat - Offre Publique d'Echange).
Dans le personnel, les réactions étaient diverses. Beaucoup de salariés trouvaient fort choquant qu'une banque de la taille du CL puisse être ainsi achetée en un rien de temps par une autre, et le personnel avec. Mais le sentiment que l'achat par le CA serait "moins pire" que l'achat par BNP Paribas prédominait.
Et ce d'autant que les dirigeants du CA et du CL se voulaient rassurants, insistant beaucoup sur les "complémentarités" des deux banques.
Mais dans le même temps les mêmes dirigeants annonçaient conjointement 4500 suppressions d'emplois, principalement dans le secteur qui traite la clientèle des grandes entreprises, et surtout à l'international.
Pour pouvoir lancer en Bourse l'OPA-OPE, le CA devait au préalable obtenir un certain nombre d'autorisations, notamment celle du CECEI. Le CECEI regroupe, sous l'égide du gouverneur de la Banque de France, des hauts fonctionnaires, des banquiers... et même un représentant du gouvernement monégasque. Chargé en principe de faire respecter la concurrence, cet organisme a posé ses conditions en même temps qu'il donnait, le 13 mars, son feu vert au lancement de l'opération d'achat. Considérant que le nouvel ensemble bancaire ainsi constitué détiendrait, dans certaines zones du pays, une part de marché trop importante à ses yeux, le CECEI a demandé la vente, dans un délai d'un an, de 85 agences.
Cela signifie plusieurs centaines d'emplois dont le sort est menacé, en agences (pour 300 environ) et dans les centres de traitement (80).
La direction du CL s'est engagée à ce qu'aucun salarié ne soit transféré -dans une banque acheteuse de l'agence- contre son gré. Elle écrit que "un reclassement dans une autre agence du CL ou, le cas échéant, dans une agence du CA, pourra être envisagé".
Mais nous avons appris à nous méfier des promesses de la direction.
En réalité, l'immensité des sommes mises en jeu pour cet achat par le CA et aussi le montant des bénéfices annoncés par le CL montrent que, à l'évidence, les banquiers disposent largement de quoi assurer tous les emplois.
Mais on sait aussi que, dans les banques comme ailleurs, l'heure est à la recherche effrénée de profit. Les banquiers veulent toujours plus de productivité, les effectifs sont insuffisants, les salaires sont à la traîne, les conditions de travail s'aggravent et les banquiers encaissent.
Alors, le personnel devra être vigilant et se préparer à réagir collectivement, car il est sûr que les banquiers nous préparent de mauvais coups.