- Accueil
- Lutte ouvrière n°1807
- Metaleurop (Nord-Pas-de-Calais) : Les ouvriers au conseil régional
Dans les entreprises
Metaleurop (Nord-Pas-de-Calais) : Les ouvriers au conseil régional
Maintenant que leur usine est en liquidation judiciaire, les travailleurs de Metaleurop savent que leurs lettres de licenciement arriveront prochainement. Toutes les négociations en cours se terminent jusqu'à présent par un refus catégorique de la prime de préjudice réclamée par les Metaleurop, chiffrée à 50000 euros pour tous.
L'argument des pouvoirs publics est à chaque fois le même: "Vous n'avez plus de patron qui pourrait payer. Les actionnaires ont disparu et déclinent toute responsabilité. Ils seront poursuivis en justice, mais l'affaire risque d'être longue et nous ne pouvons pas nous substituer aux entrepreneurs privés". Mais les mêmes pouvoirs publics ne disent pas comment ils comptent faire payer l'actionnaire suisse Glencore, ni surtout comment les licenciés pourront vivre en attendant ce paiement plus qu'hypothétique! Avec les seules indemnités conventionnelles, après quelques mois de plan de conversion ou de Plan d'aide au retour à l'emploi (PARE), tous ceux qui ont moins de 50 ans, et ils sont nombreux, savent déjà qu'ils risquent de se retrouver au RMI dans peu de temps.
Vendredi 14 mars, une délégation de 85 travailleurs est venue au Conseil régional réuni en séance plénière. Des épouses étaient aussi venues accompagner leur mari.
Daniel Percheron, président PS du Conseil régional, avait fait le choix de les accueillir. Pas de CRS, portes du Conseil régional ouvertes, café offert à tous et la parole donnée aux représentants de la CGT devant l'assemblée. Les travailleurs étaient présents dans l'hémicycle, avec drapeaux rouges, banderoles, casques de métallo et tee-shirts Metaleurop.
"Nous n'avons encore rien," déclara Farid Ramou, délégué CGT Metaleurop. "L'argent public doit être utilisé pour les travailleurs, pas pour aider des entreprises ou des cellules de reclassement qui nous roulent dans la farine". Et le secrétaire des métaux CGT ajoutait: "Nous vous disons de cesser d'utiliser l'argent de nos impôts pour les patrons, et de le consacrer à la vie des travailleurs".
Marine Le Pen (Front National) s'en prit au "capitalisme international apatride", sans un mot pour les travailleurs présents et comme si le capitalisme bien français -comme le groupe Lu-Danone- ne licenciait pas tout autant. La gauche s'illustrait ensuite: Le Garrec, ancien ministre PS, présentait au nom de la gauche plurielle une motion d'urgence dans laquelle il n'y avait aucun engagement concret, et lançait un appel à l'État pour qu'il aide financièrement la Région.
Quant au représentant de Lutte Ouvrière, il reprit ce qu'avaient dit les représentants ouvriers, en dénonçant les subventions au patronat, saluant la mobilisation des travailleurs de Metaleurop et déclarant: "Ils faut assurer à tous les salariés leur revenu entier et leur retraite complète. Car ils ont droit à ce salaire et à cette retraite. Ils ne sont pour rien dans la course au profit qui les jette à la rue. C'est à cela que doit servir l'argent public, au lieu d'aller assister les patrons privés."
Le président du Conseil régional (PS) reprit la parole pour évoquer sans vergogne les nouveaux métiers pour demain ("boulanger, un beau métier, ou chauffeur de taxi") mais se garda de s'engager sur une somme précise pour garantir la mutuelle de Metaleurop. Les travailleurs quittèrent la salle bruyamment et les élus de Lutte Ouvrière sortirent avec eux. Il faisait bien meilleur dehors!
Rectificatif: Notre article sur Metaleurop du n°1806 de Lutte Ouvrière (14 mars) comportait une erreur qui pouvait amener à des conclusions fausses. L'Union Départementale CGT du Nord avait appelé à une manifestation à Lille le 8 mars, bien avant que l'Union des Syndicats des Travailleurs de la Métallurgie CGT appelle à une manifestation à Lens le 6 mars. Elle n'a donc pas organisé une "manifestation séparée" comme nous l'avons écrit. Ce qui reste vrai, malheureusement, c'est l'émiettement des initiatives syndicales et des manifestations, alors qu'il faudrait au contraire une lutte d'ensemble.