Parlement Européen : Les dockers viennent défendre leurs emplois13/03/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/03/une1806.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Parlement Européen : Les dockers viennent défendre leurs emplois

Lors de sa session du 10 au 13 mars, le Parlement européen avait à son ordre du jour la privatisation des services portuaires. Et, parmi les mesures envisagées, ce que les parlementaires appellent, dans leur langue de bois, "l'auto-assistance". Il s'agit en fait de confier le chargement et le déchargment des navires aux marins eux-mêmes plutôt qu'à des dockers professionnels, ce qui aboutira inéluctablement à une baisse importante de leurs salaires et à plus ou moins long terme à la totale disparition de leurs emplois.

Très remontés par cette mesure, des milliers de dockers de toute l'Europe, espagnols, belges, hollandais, français, etc. s'étaient donné rendez-vous à Strasbourg. Echaudés par les violences policières qu'ils avaient essuyées lors d'une précédente manifestation à Bruxelles, ils ne s'attendaient guère à être reçus avec des fleurs. Cela n'a pas manqué. Le Parlement, transformé en camp retranché, les attendait de pied ferme, toutes issues barricadées par les CRS et les gardes mobiles. Ces derniers ont rapidement ouvert les hostilités en aspergeant à la lance à incendie les milliers d'ouvriers massés devant l'entrée. La double rangée de barrières vite arrachée, les boulons, les pierres, le mobilier urbain ont répondu aux grenades lacrymogènes ou explosives. La bataille rangée a duré une bonne heure avant que les dockers aillent manifester en ville. Jamais le Parlement européen, qui pourtant focalise de nombreux mécontentements, n'avait été en état de siège à ce point.

Au cours de la séance plénière qui a suivi, Arlette Laguiller a manifesté son opposition aux mesures envisagées et protesté contre les violences policières:

"La concurrence et la course au profit que vous voulez introduire dans la gestion des installations portuaires sont déjà pratiquées dans le transport maritime. Cela a conduit à des catastrophes écologiques comme avec l'Erika et le Prestige et cela se traduit par l'emploi de marins pour des salaires dix fois inférieurs aux salaires européens.

Quand vous parlez de "réduction des coûts" pour les services portuaires, on sait que vous entendez par là abaissement des salaires, suppressions d'emplois, aggravation du rythme de travail, suppression des protections sociales et salariales contenues dans les conventions collectives.

Nous sommes contre cette directive européenne et nous demandons que les ports et installations portuaires utiles à toute la société soient un service public.

Nous refusons que l'on mette en concurrence les dockers les uns avec les autres en fonction de leurs statuts ou en fonction de leurs origines, car ce serait au désavantage de tous. Tous ceux qui travaillent dans les ports doivent bénéficier des mêmes conditions de salaire et de protection, alignées sur la situation la plus avantageuse.

Concernant les dockers qui ont fait grève et manifesté devant un Parlement en état de siège, où lances à eau et grenades lacrymogènes les ont accueillis, je voudrais, Monsieur le Président, Madame la Commissaire, que vous donniez aux parlementaires l'assurance que le manifestant arrêté cet après-midi et entravé dans la cour du Parlement européen a bien été libéré."

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