Pantin (93) : Postiers et usagers solidaires pour un meilleur service postal13/03/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/03/une1806.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Pantin (93) : Postiers et usagers solidaires pour un meilleur service postal

Le 5 mars, les postiers de Seine-Saint-Denis ont fait grève à l'appel des syndicats CGT, CFDT, FO et SUD, pour réclamer des effectifs supplémentaires, un volant de remplacement à 25% minimum, la transformation pour tous ceux qui le souhaitent des temps incomplets en temps complets, et de façon générale plus de moyens humains et matériels.

Le jour de la grève, des délégations de grévistes de plusieurs postes des communes du département (Bobigny, Aulnay-sous-Bois, Romainville, Villepinte, Pantin, Drancy, Stains, etc.) se sont rendues à Bobigny pour demander à être reçues par le directeur départemental de La Poste.

A l'annonce de la grève, la direction de La Poste, s'appuyant sur un arrêt de plus de cinquante ans, réquisitionnait des employés grévistes dans tous les bureaux de poste (à La Poste on appelle cela des désignations) et en profitait pour réduire le nombre de grévistes en ne déclarant pas "grévistes" certains employés désignés. Malgré cela, la grève a été bien suivie. Deux postiers de Bobigny, qui ont refusé de se plier à cette réquisition, ont fait l'objet d'une "demande d'explication", c'est-à-dire qu'ils encourent une sanction.

La grève tombait le jour du paiement des allocations familiales. Ce jour-là de nombreuses familles viennent retirer leur argent à La Poste mais, un préavis ayant été déposé, la direction de La Poste s'était arrangée avec la CAF pour que les allocations soient versées un jour avant. Cela n'empêchait pas la même direction de s'en prendre aux grévistes au nom du service public... À croire qu'elle ne s'y intéresse que les jours de grève! Les autres jours, les guichets vides, les files d'attente d'une heure ne la dérangent apparemment pas.

C'est pour dénoncer cette dégradation du service public que, bien avant la grève, une pétition, à l'initiative de militants de Lutte Ouvrière, a été signée par 1238 usagers de la poste principale de Pantin, où la situation est aussi catastrophique que dans le reste du département. Parallèlement, une autre pétition, à l'initiative du PCF, avait été déposée quelques jours auparavant, après avoir recueilli près de 900 signatures.

La Poste traite aussi mal les usagers que ses employés. On a pu le voir pendant cette journée de grève: bâtiment fermé, présence de policiers dans le hall d'entrée, et refus de recevoir, à Bobigny, une délégation représentant tous les bureaux de poste venus. La délégation a été réduite à cinq d'entre eux, en plus des représentants syndicaux. Et, du coup, ils refusèrent tous de monter.

Avec leur accord, la pétition des usagers de Pantin fut remise au directeur par une militante de Lutte Ouvrière et une employée de la poste principale de cette commune, syndicaliste CGT.

Premières paroles du directeur départemental de La Poste: elle perd de l'argent! La carte Vitale, a-t-il expliqué, a entraîné la disparition de 6000 courriers dans le département. Pour lui, les effectifs à Pantin sont suffisants. Si cela marche mal, il en rend responsable l'absentéisme et le fait que les postiers passent trop de temps avec les clients: "La demande de la clientèle va bien au-delà de la simple opération postale et relève plus d'une assistance au niveau social, dépassant largement la mission de service public confiée à La Poste."

C'est sûr qu'à Neuilly ou dans le 16e arrondissement de Paris, les usagers ont moins de problèmes. Mais passer plus de temps avec ceux qui en ont besoin, n'est-ce pas une des raisons d'être du service public, censé fournir le même service à tous les usagers, quelle que soit leur situation sociale ou géographique?

Le mécontement des postiers, qui luttent depuis des mois, est important. Celui des usagers également. Dans plusieurs communes, des pétitions ont été signées.

Les deux représentantes reçues ont dénoncé ce ras-le-bol, les effectifs insuffisants et souligné que les moyens existent pour embaucher et offrir un service public digne de ce nom. Les postiers de Pantin réclament aussi qu'on leur paye les 15 à 20 minutes de dépassement quotidien pour servir les usagers qui sont dans la poste après la fermeture de 19 h.

L'administration a malgré tout annoncé la création de seize postes d'agents d'accueil pour tout le département, dont un à Pantin.

Cela reste insuffisant, mais c'est un début. Les postiers veulent obtenir plus et vont continuer leur pression. Les usagers de Pantin veulent qu'en plus du poste d'accueil, soit créé un autre poste, pour remplacer un postier en emploi-jeune muté à Montreuil, afin que le guichet des instances soit également ouvert en permanence. Ils ne supportent plus de faire souvent une heure de queue debout pour une opération qui ne dure souvent que quelques minutes.

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