- Accueil
- Lutte ouvrière n°1806
- Autriche : On prend les mêmes, et on recommence la même politique antiouvrière
Dans le monde
Autriche : On prend les mêmes, et on recommence la même politique antiouvrière
Vendredi 28 février, le chancelier autrichien chrétien-conservateur Wolfgang Schüssel annonçait la formation du nouveau gouvernement. La classe politique autrichienne ne s'était guère montrée pressée de mettre sur pied une coalition, puisque c'est en septembre dernier que la coalition de la droite (ÖVP) et de l'extrême droite populiste (FPÖ) dirigée par Jorg Haider avait éclaté, entraînant de nouvelles élections.
Schüssel semblait avoir alors réussi l'objectif de marginaliser le FPÖ. Ce dernier, en 1999, avait obtenu 27% des suffrages et il passait à 10%. L'ÖVP du chancelier, qui avait obtenu 26% des voix, en avait regagné 16%.Mais après des mois de tractations avec les socialistes, les verts et les libéraux, c'est finalement la coalition initiale qui est reconduite, le FPÖ de Haider ne détenant plus toutefois que trois portefeuilles ministériels, soit la moitié de ceux qu'il détenait précédemment.
On prend donc les mêmes et on recommence: Schüssel n'a pas caché sa volonté de continuer sa politique ouvertement de droite par une accélération des privatisations, notamment dans les transports et dans l'administration des régions, les Länder. Il a affirmé qu'il préparait, comme partout, une réforme du système des retraites, avec dans l'immédiat la suppression de l'accès à la préretraite. Il prépare, comme partout ailleurs, une réforme fiscale favorable aux entreprises, soi-disant pour favoriser l'emploi, au moment où le chômage augmente et où les plans de licenciements se multiplient.
Les sociaux-démocrates du SPÖ, qui aux dernières élections ont gagné 3%, passant de 33% à 36% des suffrages, restent encore loin derrière les conservateurs. Après avoir été de toutes les coalitions avec la droite conservatrice, et s'être associé à sa politique antiouvrière depuis des dizaines d'années, le SPÖ a vu une partie non négligeable de l'électorat populaire lui tourner le dos et n'a pas reconquis le terrain perdu.
Mais un autre événement a marqué la vie politique autrichienne : le 26 janvier dernier, le Parti Communiste obtenait 20% aux élections locales à Graz, la deuxième ville du pays. Dans une Autriche marquée par une forte tradition anticommuniste, où le PC ne dépasse pas 1% aux élections nationales depuis les années 1960, ce résultat a fait l'effet d'un coup de tonnerre. La presse s'est empressée de trouver ses explications à elle pour ces résultats, arguant de la personnalité exceptionnelle de la tête de liste locale qui avait fait campagne sur la question du logement populaire, ou faisant valoir que ce résultat n'avait pu être obtenu qu'avec un fort report des voix protestataires FPÖ. Mais ces commentateurs n'ont pas expliqué pourquoi c'est précisément sur une formation s'affirmant communiste que cette protestation s'est portée.
Sans doute, il n'existe pas d'organisation en Autriche qui se présente aux élections, nationales ou locales, en s'affirmant clairement communiste et révolutionnaire et en affichant clairement un programme de défense des intérêts des travailleurs. Mais si ce succès du PC, tel qu'il est, est l'indice qu'une partie de l'électorat cherche une issue dans ce sens -plutôt que du côté des démagogues xénophobes du FPÖ- on ne peut que s'en féliciter.