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- Lutte ouvrière n°1805
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Editorial
Non à la guerre contre l'Irak, à bas la dictature des trusts qui la veulent!
Dans quelques semaines, quelques jours peut-être, l'armée du pays le plus puissant et le plus riche du monde, flanquée de quelques alliés, partira à l'assaut d'un pays pauvre. Les prétextes invoqués pour agresser l'Irak ont beau s'évanouir les uns après les autres, ce pays a beau ouvrir toutes ses portes devant les inspecteurs de l'ONU et détruire son armement sur leurs injonctions, les dirigeants américains affichent leur détermination à déclencher la guerre.
Tout le monde sait que la guerre sera meurtrière. Tout le monde sait que des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants vont mourir sous les bombes ou de faim. Tout le monde sait que ce pays, déjà meurtri par la guerre du Golfe, ruiné par douze ans de bombardements, appauvri par un embargo international, sera transformé en champ de ruines. Cela ne fait rien: la guerre aura lieu quand même, répètent les dirigeants américains.
Mais qui a intérêt à cette guerre? Certainement pas les peuples, pas même celui des États-Unis. Car si la guerre fera des victimes surtout en Irak, elle en fera aussi parmi les soldats américains. Et, dans les manifestations contre la guerre aux États-Unis même, beaucoup ont évoqué le souvenir des "body bags", ces sacs dans lesquels avaient été rapatriés les corps des soldats morts au Vietnam, dans une guerre qui n'était pas la leur. L'état-major américain en aurait déjà commandé plusieurs milliers.
Oui, la guerre qui se prépare est une guerre abjecte, injustifiable, menée au détriment et contre la volonté des peuples. Et pourtant, on se prépare à la mener. On nous parle de démocratie mais on voit bien que les décisions, ce ne sont pas les peuples qui les prennent. Derrière les va-t-en-guerre de l'équipe Bush, ceux qui décident, ce sont ces groupes capitalistes, les uns de l'industrie d'armement, les autres du pétrole, ceux aussi qui guignent les chantiers de reconstruction d'un pays qu'ils auront eux-mêmes détruit. Le gouvernement américain représente les intérêts de ces groupes, et rien d'autre.
En se désolidarisant dans une certaine mesure des dirigeants américains, Chirac s'est forgé une certaine popularité, en France comme sur le plan international. Mais il ne constitue pas un rempart contre la guerre, et il le sait. Pas seulement parce que les États-Unis disent et répètent qu'ils n'ont pas besoin de l'approbation de leurs alliés et encore moins de leur aide militaire pour déclencher leur guerre. Mais aussi parce que Chirac se situe dans la même optique que les États-Unis: il faut mettre au pas l'Irak. Chirac veut seulement donner plus de temps aux inspecteurs. Mais, pendant que ces derniers obligent l'Irak à détruire son armement, les États-Unis accumulent de plus en plus d'armes dans la région. Tout se passe comme si les deux camps qui se sont dessinés dans le monde impérialiste étaient des compères: pendant que les uns désarment la victime, les autres se préparent à l'égorger.
Complices, toutes les puissances impérialistes le sont, même si, dans la guerre à venir, c'est la plus puissante d'entre elles, les États-Unis, qui est la plus belliqueuse. L'histoire de l'impérialisme, c'est l'histoire de guerres pour imposer aux peuples du monde entier la loi des grands groupes industriels et financiers.
Combien de guerres, combien de morts, pour permettre aux groupes capitalistes français ou anglais de mettre la main, qui sur l'Algérie ou la moitié de l'Afrique, qui sur les Indes? Combien de guerres pour se disputer pétrole, matières premières et marchés? La domination du capitalisme sur le monde, ce n'est pas seulement l'exploitation, le pillage, le chômage ou la misère pour la majorité afin qu'une minorité s'enrichisse, c'est aussi les guerres pour imposer tout cela.
Alors, il faut que se manifeste l'opposition à la guerre infâme qui se prépare. Mais il faut aussi que l'on se souvienne qu'il n'y aura pas de paix sur cette planète, il n'y aura pas de relations fraternelles entre les peuples tant que le monde est soumis à la dictature d'une poignée de grands groupes capitalistes.