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Dans les entreprises
Metaleurop : Les travailleurs n’acceptent pas d’être jetés a la rue
Les travailleurs de Metaleurop avaient décidé d'aller manifester à Paris le 21 février devant les sièges de Metaleurop SA et de Glencore.Glencore, c'est l'actionnaire principal de Metaleurop, celui-là même qui a provoqué le dépôt de bilan de l'usine de Noyelles-Godault (Pas-de-Calais) en retirant ses capitaux, il y a un mois.
Depuis, la presse en a révélé un peu plus sur cette société installée en Suisse, dont le PDG, Russ Robinson, avait été condamné aux Etats-Unis pour manipulations financières frauduleuses, puis gracié par Bill Clinton dont il avait contribué à financer la campagne électorale. Cette même société Glencore est également impliquée dans l'exploitation des puits de pétrole russes et dans la catastrophe du pétrolier le Prestige au large des côtes espagnoles.
La manifestation a été un succès: 14 bus au départ et près de 750 personnes dans les rues de Paris avec des banderoles comme: "La mort des ouvriers, les profits de Glencore". Beaucoup d'épouses de travailleurs avaient fait le voyage et ce sont elles que l'on a pu voir interviewées à la télévision, disant que les chiens étaient mieux traités que les ouvriers et accusant les financiers de briser leurs vies. Les manifestants découvraient les beaux bâtiments des sociétés du 8e arrondissement, conscients que tout cela avait été payé avec leur travail.
La colère était donc le sentiment dominant et, après une entrevue décevante au siège de Metaleurop SA, il n'est pas étonnant que le siège de Glencore en ait fait les frais une demi-heure plus tard. Il faut dire qu'en arrivant les manifestants ont constaté que le rideau de fer était baissé, que les lieux étaient protégés par quelques gardes mobiles casqués et que Glencore... avait vidé les lieux depuis plus d'une semaine. Le rideau de fer n'a pas tenu longtemps, et la décoration du hall non plus... Mais les bureaux de Glencore au cinquième étage étaient bien complètement vides. Pas moyen d'y récupérer quelque chose.
Maintenant, les travailleurs savent que toutes les portes leur sont fermées. Les assemblées continuent tous les matins. Le responsable CGT y fait le même compte-rendu à chaque fois: aucun repreneur ne se présente. Aucune entreprise ne propose de réembaucher les 830 employés de l'usine, et aucune ne veut endosser le prix de la dépollution du site. Les syndicats disent qu'il faut continuer de faire fonctionner les colonnes de zinc en circuit fermé car un redémarrage coûterait trop cher à un repreneur éventuel. Mais cela devient dangereux, sans moyens financiers pour l'entretien.
Pour ce qui est d'un plan social, la somme de 50000 euros pour tous, en plus des indemnités de licenciement conventionnelles, a été évoquée une seule fois en assemblée générale, mais n'a pas été discutée ni votée, et les syndicats n'en ont plus parlé depuis. En aparté, ils disent qu'il sera toujours temps d'en reparler quand le tribunal aura prononcé la mise en liquidation judiciaire, ce qui pourrait arriver début mars.
La liquidation, c'est aussi ce qu'attend l'ancien PDG de l'usine qui commence à parler d'un projet: recycler des pneus, des batteries, du matériel informatique, une activité qui pourrait "peut-être" occuper 50 salariés. En assemblée générale, un ingénieur de l'usine a parlé d'une activité liée au recyclage des métaux lourds et à la dépollution, qui pourrait "peut-être donner de l'emploi à une centaine de travailleurs", à condition, a-t-il dit sans gêne mais pas sans mépris, "qu'ils veuillent bien en mettre un coup et travailler sérieusement".
Au total, des vagues projets, des tas de rencontres entre syndicalistes et pouvoirs publics, mais toujours rien de concret. Pourtant, il reste une perspective pour les travailleurs de Metaleurop: s'unir avec tous ceux qui, comme eux, sont jetés à la rue ces temps-ci, trouver le soutien de ceux qui ont encore un emploi et qui leur montrent aujourd'hui leur sympathie. Il faut inverser le rapport des forces, et ce qui est soi-disant impossible aujourd'hui deviendra possible. Pour cette politique-là, la mobilisation existe, la colère aussi.
Les manifestations prévues pour le 27 février à Béthune, le 6 mars à Lens et le 8 mars à Lille, qui regrouperont les travailleurs de la région menacés de licenciement actuellement, et ils sont nombreux, pourront y aider si elles sont nombreuses et déterminées.