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Leur société
Les mauvais coups présentés par le ministre
François Fillon, le ministre des Affaires sociales, répond longuement aux questions des lecteurs dans Le Parisien du 26 février. "Si on ne fait pas la réforme maintenant, on va sacrifier une génération", ose-t-il affirmer. C'est carrément du chantage pour faire accepter les projets du gouvernement qui constituent un recul majeur pour l'ensemble des salariés.
En effet, la solution proposée est l'allongement de la durée des cotisations, d'abord en allongeant la durée de cotisation des fonctionnaires pour que, d'ici à 2008, ils cotisent 40 années, comme dans le privé; en outre, il est prévu de pouvoir "réformer" tous les cinq ans, pour allonger la durée de cotisation de tous de plusieurs années supplémentaires!
Et pourquoi faudrait-il donc cotiser plus longtemps? Tout simplement parce que le patronat ne veut pas payer plus. Fillon le dit clairement: "De tous les pays européens, la France est celui où le poids des cotisations salariés-employeurs est déjà le plus élevé." Cela signifie que le patronat ne veut pas augmenter ses coûts salariaux: il ne veut pas payer plus, que ce soit sous forme de salaires, ou sous forme de cotisations supplémentaires - alors que depuis dix ans les exonérations de cotisations sociales dont les patrons bénéficient se montent à plus de 100 milliards de francs par an! C'est parce que le patronat ne veut pas écorner moindrement ses profits -pourtant toujours en hausse malgré la crise- qu'il faudrait que les travailleurs se saignent aux quatre veines pour avoir droit à une retraite! D'ailleurs Fillon annonce clairement que "l'essentiel du financement des retraites doit être appuyé sur le travail." C'est clair: c'est aux travailleurs de faire tous les sacrifices! Pourquoi ne pas nous obliger à travailler et à cotiser jusqu'à ce que mort s'ensuive, comme au début du siècle dernier? Ce serait encore plus économique, et tout bénéfice pour les patrons!
Alors il ne faut pas laisser faire. Il faut refuser l'alignement des salariés des secteurs public et privé par le bas. Il faut au contraire exiger le retour aux 37,5 années de cotisations pour tous et l'augmentation du pouvoir d'achat des retraites et des salaires. Les patrons peuvent et doivent payer. Les travailleurs ont assez donné!