Mercredi 10 février, il a fallu près de deux heures aux pompiers pour éteindre l'incendie qui a ravagé 16 appartements dans un immeuble HLM du quartier populaire de Ker Uhel, sans aucun doute le plus pauvre de Lannion.

Par chance, il n'y a eu aucune victime parmi les 75 locataires concernés, en majorité des personnes seules, certaines en grande détresse, la plupart âgées. Le feu s'étant déclaré dans la matinée, tous les occupants ont pu être évacués à temps. Mais l'émotion était grande, compte tenu de l'étendue des dégâts.

Car si le feu a été mis par un chômeur désespéré, c'est la vétusté des locaux qui explique l'ampleur et la rapidité du sinistre. Démarré au quatrième et dernier étage, le feu s'est propagé par le plafond, en bois, dans les combles et de là de proche en proche à tous les appartements voisins, par les plafonds également. Au bout de quelques minutes, l'ensemble du bâtiment, long d'une centaine de mètres, était la proie des flammes.

La construction de ces bâtiments HLM date du début des années soixante et correspond à l'implantation des premières usines électroniques dans la zone industrielle, tel LTT, l'ancêtre d'Alcatel, qui a employé jusqu'à 2000 personnes dans les années 1970.

Il fallait donc loger, vite fait, toute cette main-d'oeuvre et, comme partout alors dans le pays, on a calculé au plus juste et rogné sur les coûts de construction. Et comme partout, ces logements ont mal vieilli et se sont dégradés au cours des décennies, faute de réel entretien.

Une "rénovation" a bien eu lieu en 1989 mais pour une grande part, elle a consisté à transformer en studios les plus grands appartements, à bricoler un peu les entrées et à remettre un coup de peinture sur les murs extérieurs. Mais toutes les structures en bois, les plafonds du quatrième, les combles ainsi que les marches d'escaliers, simplement recouvertes de linoléum, sont restés en l'état et n'ont pas été mis aux normes de sécurité. Economies obligent!

La solidarité a joué à plein pour reloger les sinistrés par l'intermédiaire du Centre Social, point de ralliement du Secours Populaire et de la Croix-Rouge, puis de diverses associations de la ville mais aussi des voisins, qui se sentent d'autant plus concernés qu'ils savent que plusieurs centaines d'appartements de cette Zup sont conçus à l'identique et que, demain, cela peut recommencer dans un bâtiment voisin!

Devant ce désastre, le maire a déclaré qu' "il faudra raser". Il est bien temps de penser à faire quelque chose!