Retraites : D'abord contre la fonction publique puis... contre tous !20/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1803.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : D'abord contre la fonction publique puis... contre tous !

Le ministre de la Fonction publique, Jean-Paul Delevoye, a entrepris un tour de France pour faire mine de consulter les organisations syndicales au niveau régional sur la question des retraites. C'est lui que le gouvernement a envoyé au charbon, car les retraites de la fonction publique tiennent évidemment la première place dans les projets du gouvernement Raffarin.

Alors que les experts et les gouvernants jouent depuis vingt ans les voyantes pour affirmer avec aplomb que le système de retraite court à la faillite, la résistance opposée aux projets de Juppé en 1995 par les salariés du secteur public a servi d'avertissement aux gouvernements. Ce que Balladur avait réussi à imposer en 1993 aux salariés du privé n'a pas pu être imposé jusqu'ici aux salariés du secteur public. Et cela constitue un blocage pour pousser plus avant les attaques contre les salariés du privé. Le Medef et le gouvernement ne cachent pas qu'ils voudraient augmenter la durée de cotisation nécessaire pour avoir droit à une retraite pleine. Ce n'est ni 37,5 ni 40 ans qu'il faudrait, selon eux, mais 42, 43 ou 45 ans de cotisations pour tout le monde.

C'est dire que les 37,5 années de cotisations que les salariés du secteur public ont réussi à conserver sont le verrou que le gouvernement Raffarin voudrait faire sauter, en espérant l'approbation des salariés du privé, pour ouvrir la voie à de nouvelles attaques contre les uns et les autres.

C'est pourquoi la revendication des 37 ans et demi pour tous, c'est-à-dire de l'alignement par le haut et non par le bas des retraites des salariés du public comme du privé, marque clairement le refus d'un nouveau recul de la part des travailleurs.

Il n'y avait pas que l'allongement de la durée de cotisation dans la loi Balladur. Bien d'autres mesures, beaucoup moins spectaculaires mais encore plus dommageables, y figuraient, comme les règles de calcul du montant des pensions et la façon de les revaloriser, qui entraînent une dégradation régulière du pouvoir d'achat des pensions depuis 1993 par rapport à ce qu'elles auraient été sans la loi Balladur, dégradation qui va encore s'aggraver dans les années qui viennent. Mais pour que la classe ouvrière puisse reprendre ce qu'on lui vole, il faut d'abord s'opposer à tout nouveau recul. Et l'allongement de la durée de cotisation est la mesure test que le gouvernement va essayer de faire passer, pour ensuite pousser son avantage si on laisse faire.

Oh, il proposera sans doute, comme Balladur, une mise en place progressive, pour ne pas attaquer tout le monde de front. Mais ça ne sera qu'un début et, si on laisse faire, d'autres attaques suivront. D'ailleurs la loi Balladur ne fera complètement sentir ses effets qu'après 2008, lorsque le calcul de la retraite sur les vingt-cinq meilleures années s'appliquera complètement, mais le gouvernement n'attend pas 2008 pour procéder à de nouvelles attaques. L'allongement de la durée de cotisation pour les salariés du public n'est qu'une étape pour le gouvernement mais ne restera pas une mesure isolée. Et c'est une raison de plus de s'y opposer collectivement, quel que soit le secteur dans lequel on travaille.

Il est révoltant d'oser affirmer que, au XXIe siècle, il faudrait travailler plus longtemps pour pouvoir bénéficier d'une retraite correcte. Car la production de richesses a été multipliée par dix au cours du siècle dernier, alors que la population n'a augmenté que de 20 % et que le nombre d'heures de travail a été divisé par deux. Cela signifie qu'on produit 16 fois plus en une heure de travail aujourd'hui qu'il y a un siècle. Mais cet énorme accroissement de richesses tirées de l'exploitation de la classe ouvrière ne lui revient pas. La part de la bourgeoisie, des classes riches ne cesse de s'accroître alors que celle des travailleurs se réduit. Si les travailleurs récupéraient ne serait-ce que la part qu'on leur a volée depuis un quart de siècle, ils auraient largement de quoi vivre, élever leur famille, profiter de leurs vieux jours.

Si les retraites sont menacées aujourd'hui, ce n'est pas par le nombre trop grand de retraités par rapports aux actifs, comme on veut nous le faire croire, mais bien par l'avidité du patronat qui veut encore réduire la part de la classe ouvrière.

Toute la classe ouvrière a intérêt à faire bloc, public et privé, salariés, chômeurs et retraités contre ces attaques contre les retraites car en ayant le culot d'évoquer la justice et l'égalité c'est le sort de toute la classe ouvrière que le patronat et le gouvernement veulent niveler par le bas. Il faut refuser toute concession supplémentaire. En prenant l'argent où il est, dans les coffres-forts du patronat, il y a largement de quoi assurer des retraites et des salaires corrects.

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