Réforme de l'APA : Encore des économies sur le dos des classes populaires20/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1803.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Réforme de l'APA : Encore des économies sur le dos des classes populaires

Dans un projet de décret qui doit être présenté courant mars au Conseil d'État, le gouvernement s'attaque à l'Allocation personnalisée d'autonomie. L'APA, entrée en vigueur en janvier 2002, permettait une prise en charge financière des aides humaines ou matérielles pour les personnes âgées qui ne peuvent plus faire seules les gestes de la vie de tous les jours.

Cette allocation remplaçait la Prestation spécifique de dépendance, la PSD, créée en 1997 et moins avantageuse. Fin 2001, la PSD concernait 148 000 bénéficiaires, la nouvelle allocation devait concerner 800 000 personnes à l'horizon 2005, c'est-à-dire 5,5 fois plus. Il y avait donc un besoin réel, surtout pour les personnes âgées qui ne disposent que de faibles revenus et ne peuvent pas se payer une aide à domicile, par exemple.

Mais le gouvernement ne raisonne pas ainsi. Pour lui, l'APA coûte trop cher, d'où son projet d'augmenter la participation des personnes âgées elles-mêmes pour leur maintien à domicile. Ainsi, elles devraient financer 12 % des frais au lieu de 5 % actuellement. Mais ce n'est pas tout. Auparavant les personnes qui touchaient moins de 949 euros étaient exonérées de toute participation au financement de l'APA. Le gouvernement envisage de faire tomber ce plafond à 623 euros ! Comme le déplorait le délégué général du Syndicat national des établissements pour personnes âgées, Luc Broussy : " On va expliquer à la veuve dépendante, atteinte de la maladie d'Alzheimer, qui perçoit 700 euros par mois - le profil type - que c'est à elle de payer sa dépendance ! "

Le secrétaire d'État aux Personnes âgées Hubert Falco a osé déclarer, pour justifier la réforme gouvernementale : " J'ai toujours dit que l'APA était une bonne mesure sociale. Le problème c'est de la financer. (...) Il fallait trouver 1,2 milliard d'euros, nous avons travaillé sur des mesures d'économies. "

Mais le gouvernement ne parle de faire des économies que lorsqu'il s'agit de services utiles à la population, prétendant qu'il ne peut trouver 1,2 milliard d'euros qu'en pénalisant les personnes âgées dépendantes. Pourtant, si le gouvernement cherche de l'argent, il pourrait le trouver du côté des plus riches. Les allègements de l'Impôt sur la fortune qu'il vient d'offrir aux riches, devraient " coûter " à l'État 500 millions d'euros en baisse de recette fiscale. Cet impôt, qui ne pèse que très légèrement sur les riches et qui n'a pas rempli énormément les caisses de l'État jusque-là, a rapporté malgré tout près de 2,5 milliards d'euros en 2000. Alors, pourquoi l'alléger encore et perdre une partie de cette recette ?

Le gouvernement applique avec cynisme la même politique que celle mise en oeuvre dans les domaines de l'Éducation, de la Santé, ou des retraites. Il s'agit de faire des économies sur le dos des plus pauvres, de ceux qui en ont le plus besoin, pour enrichir encore des riches qui n'ont pourtant pas vraiment de quoi se plaindre.

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