Quand Chirac " soutient " les services publics20/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1803.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Quand Chirac " soutient " les services publics

Dans un discours prononcé à l'occasion du quarantième anniversaire de la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (Datar), Chirac a lancé un vibrant plaidoyer pour l'amélioration des services publics. De la part du chef d'un État qui n'a de cesse de diminuer les moyens des administrations, cela ne manque pas de sel.

" Toutes les administrations, a-t-il dit, devront s'engager à appliquer une charte de qualité définissant notamment les objectifs qu'elles se fixent pour favoriser l'égal accès des Français aux services publics. " Derrière ce baratin, il y a l'idée que si les services publics se dégradent depuis des années, ce ne serait pas à cause des restrictions imposées par les gouvernements successifs, à cause des budgets sabrés et des suppressions de postes, mais à cause de la mauvaise volonté de l'administration, pour ne pas dire, mais il le sous-entend, des fonctionnaires eux-mêmes, qui rechignent à fournir la fameuse " qualité " à la population. Et qu'importe si la politique de l'État, en les privant des moyens de fonctionner, les met dans des situations de plus en plus intenables : c'est à ces administrations de faire le nécessaire pour que le service s'améliore. Voilà un refrain qui, à défaut d'enrayer la dégradation des services publics et des conditions de travail des fonctionnaires, servira au moins à alimenter les préjugés antifonctionnaires.

Comme il n'en est pas à une énormité près, Chirac a ajouté sentencieusement qu'il convient d'assurer " un niveau homogène de prestations par des structures différenciées, adaptées aux réalités locales, aux attentes de nos concitoyens ou aux difficultés particulièrement graves que rencontrent certaines régions ". Les attentes des concitoyens ? Cela ressemble à de l'humour involontaire, car la seule attente du public qui soit comblée, c'est celle des files qui s'allongent, à La Poste, dans les hôpitaux ou ailleurs ! Et s'il y a homogénéisation, c'est par la dégradation vers le bas.

Depuis des années, des maternités ferment, les bureaux de poste de proximité disparaissent, les écoles primaires des villages sont sacrifiées. Et c'est au moment où est annoncée la fermeture de plusieurs centaines d'agences de la Banque de France que Chirac nous promet " l'adaptation aux réalités locales " !

Mais qu'on se rassure ! Toutes les réorganisations et réformes entreprises par le gouvernement de droite se feront, toujours selon Chirac, avec " le souci constant de faciliter les démarches de l'usager, de conforter son autonomie, de respecter ses droits et de faire prévaloir partout le même idéal républicain ".

L'idéal républicain, c'est ce grand mot qui sonne d'autant plus fort qu'il est creux. Sans doute désigne-t-il cette société dans laquelle, avec des services publics réduits à des peaux de chagrin, tous les citoyens sont égaux... Mais où les riches sont nettement plus égaux que les pauvres !

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