Maternité de Paimpol (22) : La population refuse la fermeture20/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1803.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Maternité de Paimpol (22) : La population refuse la fermeture

C'est par des huées que la déclaration de Mattéi, le ministre de la Santé, confirmant le matin même de la manifestation la décision de fermeture de la maternité de Paimpol le 21 mars prochain, a été accueillie par les quelque 4000 personnes venues marquer leur attachement à cet établissement public.

Ce ministre a eu le culot de justifier son verdict par des considérations de sécurité sanitaire. Cela a été considéré à juste titre comme une insulte par le personnel de la maternité qui a décidé de porter plainte pour diffamation !

Samedi 15 février, plusieurs délégations venues des hôpitaux de la région avaient tenu à faire le déplacement. La maternité rattachée à l'hôpital public de la ville est plus qu'un symbole puisque c'est la dernière à résister en Bretagne.

La tentative de fermeture n'est pas la première puisque, fin 2001, le prétexte avait été le manque de personnel soignant. Au lieu d'embaucher, on ferme : telle était alors la logique du gouvernement Jospin ! Mais il avait été contraint de reculer devant les manifestations. Plus de 2000 personnes déjà en décembre 2001 et juin 2002.

En octobre dernier, il y eut encore 4 000 manifestants. Une pétition a récolté près de 23 000 signatures. Et aujourd'hui les affichettes " Maternités menacées, hôpitaux en danger " fleurissent partout dans la ville et ses environs. Sur la route Paimpol-Saint-Brieuc, il est écrit : " Courage, il reste encore 35 km ! "

Pour repartir à l'attaque, Mattéi s'appuie aujourd'hui sur une prétendue baisse des accouchements envisagée par l'Insee. Ces chiffres sont à juste titre contestés par les défenseurs de la maternité puisque, en 2002, le nombre de naissances était en augmentation par rapport à 2001. Qu'à cela ne tienne, l'Agence régionale d'hospitalisation a décrété que dans les dix années à venir la population locale concernée par la maternité devrait " perdre " trop de femmes en âge de procréer !

En réalité, c'est une fois de plus pour de sordides économies que l'État veut supprimer les installations hospitalières de proximité au profit des hôpitaux plus gros comme celui de Saint-Brieuc qui est déjà au bord de l'asphyxie.

La maternité de l'hôpital de Saint-Brieuc deviendrait alors une " usine à bébés " où les femmes, arrivées en urgence, seraient rapatriées dès le lendemain de l'accouchement vers l'ex-maternité devenue " centre de périnatalité ". Et c'est Paimpol qui aurait la primeur de ce type d'établissement. Quant aux risques inhérents à la distance - 100 km aller et retour - peu importe ; cela ne relève sans doute pas de " l'insécurité sanitaire " chère au ministre !

Alors, baroud d'honneur, comme le prétendent certains, ou bien, comme le proclamaient certaines pancartes " Mattéi, c'est pas fini, la lutte commence ici " ? Nul doute que c'est par la détermination de la population que cette nouvelle attaque pourra être déjouée afin de donner vie à un autre slogan largement repris par les manifestants : " Non, non, non, aux usines à bébés ! Oui, oui, oui, à la maternité ! "

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