Fermeture de Paris-XI : Un manque de crédits qui frappe toutes les universités20/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1803.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fermeture de Paris-XI : Un manque de crédits qui frappe toutes les universités

La faculté des sciences d'Orsay (université Paris- XI) a fermé ses portes pour quinze jours lundi 10 février. Les autres centres dépendant de la même université ont fermé une à deux semaines plus tôt. Cette fermeture est un choix du président de l'université et de son conseil d'administration : il n'y aurait pas assez d'argent pour faire fonctionner l'université jusqu'à la fin de l'année.

Hypocritement, le ministère, qui a réduit cette année le budget de la recherche et de l'enseignement supérieur, joue sur la complexité des règles comptables pour prétendre qu'il n'y a pas de problème et se réfugie derrière " l'autonomie des facultés " qui n'ont qu'à se débrouiller, selon lui, avec leur budget.

Cette autonomie est en fait une façon qu'a l'État depuis plusieurs années de se désengager, en partie, des tâches du service public en s'en remettant aux budgets des régions ou à la débrouillardise des directeurs de laboratoire pour trouver des contrats. Cela ne fait qu'accroître la disparité des moyens entre les " bonnes " facultés et les autres.

En fait, les problèmes sont plus importants que ne le laissent entendre les responsables de Paris-XI et ils sont communs à bien des universités. D'ailleurs, l'une des facultés de Toulouse ferme ses portes pour les mêmes raisons.

À Paris-XI, lors d'une assemblée générale du personnel (qui n'a jamais été consulté sur la décision de fermeture), de multiples exemples des problèmes qui traînent depuis plusieurs années ont été évoqués : une galerie technique s'est écroulée il y a quelque mois faute d'entretien ; une fenêtre est tombée récemment ; l'installation électrique, elle, n'est pas aux normes dans certains bâtiments... Et la liste est longue !

Cela ne date pas, bien sûr, des seules restrictions budgétaires du gouvernement Raffarin. Comme ne datent pas d'avril 2002 les réductions de personnel et la multiplication, parmi le personnel technique et administratif, des emplois précaires dont la présidence, par contre, s'accommode bien, la politique du gouvernement actuel ne faisant qu'aggraver la situation.

La période pour cette fermeture n'a été choisie par le président de l'université qu'en fonction d'objectifs budgétaires. Fermer pendant la période de froid permet d'importantes économies sur le budget du chauffage.

Et qu'importe qu'à ce moment-là, il y ait de nombreux examens pour les étudiants, qui sont ainsi pénalisés, ou que le personnel de certains sites n'ait été averti des dates de fermeture que cinq jours avant, et parfois contraint de poser ses congés pour cette période !

Pour les travailleurs des entreprises sous-traitantes, comme celles qui assurent le nettoyage, une telle fermeture peut signifier chômage technique, ou chômage tout court, si le personnel n'intervient pas pour l'empêcher.

Par ailleurs, les responsables ont déjà fait part de leur intention d'augmenter le prix des repas du restaurant du personnel pour en réduire les subventions, et des rumeurs courent sur un projet d'augmentation des frais d'inscription pour les étudiants : en même temps qu'ils protestent auprès du ministère contre l'insuffisance des crédits, les responsables de l'université s'apprêtent donc aussi à gérer la pénurie sur le dos du personnel et des étudiants.

Ceux-ci n'ont donc pas à compter sur la seule action de la direction de l'université pour exiger du gouvernement les moyens suffisants, en personnel et en matériel, pour l'enseignement et la recherche, comme pour tous les services publics.

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