Chirac-Raffarin : Le bluff de la bataille pour l'emploi20/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1803.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chirac-Raffarin : Le bluff de la bataille pour l'emploi

Devant l'avalanche de plans de licenciements, Chirac et Raffarin multiplient les déclarations, à défaut de faire quoi que ce soit pour les empêcher. Raffarin enfonçait les portes ouvertes ces derniers jours : " 2003 sera une année difficile sur le plan de l'emploi " et " Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que le chômage est inéluctable " ajoutait-il. Voilà qui va rassurer les salariés de Daewoo, Metaleurop ou Air Lib !

Chirac de son côté en appelle à la " mobilisation nationale " pour défendre l'emploi, exhortant entreprises, partenaires sociaux et pouvoirs publics à faire " converger leur énergie " pour " garder nos emplois et attirer ceux qui trop souvent se créent ailleurs ".

Mais cette " mobilisation nationale ", le président de la République sait très bien que les patrons n'en ont que faire. Peu leur importent les chiffres catastrophiques du chômage, du moment que leurs profits vont bien. Les patrons continuent de licencier et de délocaliser, afin de produire avec des " coûts de production " les plus faibles possibles. Et leurs profits s'envolent.

Ces dernières semaines, les bilans des entreprises pour l'année 2002 ont été rendus publics. Renault affiche un bénéfice record de 1,956 milliard d'euros, soit un bond de 86 % par rapport à 2001, d'après les syndicats de l'entreprise. Le groupe agro-alimentaire Danone a enregistré, en 2002, un bénéfice net de 1,283 milliard d'euros contre 132 millions en 2001. Le résultat net progresse de 6,2 % pour l'ensemble de l'activité. Le groupe pharmaceutique Aventis annonce quant à lui 28 % d'augmentation du bénéfice net, soit 2,1 milliards d'euros. Le Crédit Lyonnais enregistre, pour la quatrième année consécutive depuis sa privatisation, une progression du résultat net de 5 % par rapport à 2001.

" Aujourd'hui, nous mettons en place tous les outils qui nous permettent de créer plus d'emplois qu'il n'en disparaît " déclarait Raffarin. Que sont donc ces outils ? Chirac précisait devant son conseil des ministres qu'il s'agissait de mesures d'accompagnement, de reconversion et de reclassement ainsi que des " comptes personnel de formation ". Rien de nouveau et tous ces " outils " ont déjà montré leur inefficacité. Par exemple, les salariés de l'entreprise Bertand Faure racontent que 28 mois après les licenciements, seuls 12 % des salariés avaient un contrat à durée indéterminée. Moulinex a supprimé en octobre 2001 cinq usines en Haute-Normandie et licencié 3 500 travailleurs. Un an après, le préfet de Région reconnaissait que seuls 14 % des anciens salariés avaient retrouvé un emploi. Et des exemples de la sorte, on pourrait en citer des centaines. Pratiquement autant qu'il y a eu de plans dits sociaux. A chaque fois qu'on supprime des emplois, le même bluff revient, qui se veut rassurant, " on va créer de nouveaux emplois "... qui ne voient jamais le jour.

Parmi les 84 600 personnes qui ont bénéficié, d'après les statistiques du ministère de l'Emploi, d'un " dispositif d'accompagnement " en 2001, combien ont retrouvé un vrai travail ? Et pour ceux qui en ont retrouvé un, dans quelles conditions ? Les mesures d'accompagnement comportent par exemple " l'aide au passage à temps partiel ". Il s'agit d'une façon hypocrite de parler d'une mesure qui contraint un salarié (et le plus souvent une salariée) à accepter un travail à mi-temps, avec la moitié d'un salaire. Même ceux qui retrouvent un travail en contrat à durée indéterminée (CDI) se retrouvent dans des conditions dégradées. Ils ont souvent perdu leur ancienneté, leur nouveau salaire est donc bien inférieur à celui qu'ils avaient avant d'être licenciés. Quant aux conditions de travail, elles sont, elles aussi, souvent pires.

Chirac-Raffarin ne feront rien qui puisse nuire même un peu aux intérêts des patrons, bien au contraire, comme le montre leur récente décision d'abaisser l'impôt sur la fortune. Bien des travailleurs en sont convaincus, il n'y a aucune aide à attendre de leur côté.

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