Air Lib en liquidation : Des milliers de salariés à la rue20/02/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/02/une1803.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air Lib en liquidation : Des milliers de salariés à la rue

C'est le procureur de la République, représentant de l'État au tribunal de commerce de Créteil, qui a demandé clairement la liquidation d'Air Lib. L'État préfère licencier les 3 200 salariés d'Air Lib et les 17 000 travaillant autour (ALT, HRS, SAP) et en faire des chômeurs, plutôt que de préserver leurs emplois et leur droit à l'existence.

Le ministre des Transports, de Robien, a promis de faire " tout ce qui était en son pouvoir " pour les reclasser, mais, si l'on en juge par le précédent de l'été 2001, qui s'était traduit par 1 853 suppressions d'emplois, comment les salariés d'Air Lib pourraient-ils croire à ces promesses ? - et leurs espoirs de retrouver un emploi aux mêmes conditions sont bien minces. A l'époque, en effet, alors que le gouvernement avait sollicité plusieurs entreprises publiques pour les reclasser, seule Air France, qui embauchait de toute façon, avait employé près de 600 d'entre eux. Prenant ensuite prétexte des attentats du 11 septembre, Air France avait gelé les embauches annoncées et, pour certaines, les avait carrément annulées. Les autres entreprises, ADP, la SNCF, la RATP, la SNECMA, n'en avaient accueilli qu'une poignée. Et aujourd'hui, voilà qu'on leur refait les mêmes promesses fallacieuses.

Pendant ce temps-là, les responsables de la déroute financière d'Air Lib continuent d'engranger les profits sans que personne ne leur demande des comptes... puisqu'ils ont la loi de leur côté. C'est au nom de la " liberté d'entreprise " que la société Marine Wendel, le groupe du baron Seillière et l'actionnaire majoritaire de l'ancienne AOM-Air Liberté, a retiré ses capitaux en 2001, avec d'ailleurs un gros profit qui lui avait été garanti, pour les placer ailleurs, parce qu'il jugeait que cette compagnie n'était pas assez rentable. Elle avait alors été reprise par la société Holco, fondée sous la houlette de Gayssot, alors ministre des Transports, par Jean-Charles Corbet, un ancien pilote d'Air France, et ne se maintenait que grâce aux subventions de l'État. Le gouvernement actuel, bien ancré à droite, a décidé de mettre fin à ces aides. L'arrêt de la licence de vol, la liquidation définitive étaient politiquement décidées depuis des semaines.

Mais si Air Lib est mis en liquidation judiciaire, cela ne concerne en rien Holco. C'est sûr que dans le groupe Holco, l'argent s'est déplacé dans des secteurs non liquidés, y compris des paradis fiscaux comme le Luxembourg. Corbet s'appuie d'ailleurs sur cet état de fait pour faire croire que l'avenir est toujours possible avec lui. Voilà ce qu'il a osé prétendre le lendemain même de l'annonce de la fermeture de son entreprise devant l'ensemble du personnel : " Croyez en moi, je me battrai jusqu'au bout, empochez vos indemnités de licenciement et je vous réembaucherai à 30 % moins cher. Si vous faites des sacrifices, on redémarrera quelque chose ensemble ".

Démagogie, évidemment, car rien ne garantit qu'Air Lib pourrait redémarrer...même si tous travaillaient gratis !

Pour obtenir un véritable reclassement, les salariés d'Air Lib devront engager l'épreuve de force avec les pouvoirs publics. Et leur force réside dans les 3 200 personnes en colère regroupées sur un même site, et dont la détermination peut être contagieuse.

Partager