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- Lutte ouvrière n°1802
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Dans les entreprises
Continental (ex-uniroyal) (Clairoix - Oise) : Le patron n'en a pas fini avec les travailleurs combatifs
Mercredi 28 janvier, se tenait l'audience du Conseil d'État qui devait juger pour la deuxième fois du bien-fondé de la décision du patron de Continental, usine de pneus située à Clairoix près de Compiègne, de licencier un militant CGT, également connu comme militant de Lutte Ouvrière, et ce pour fait de grève, plus de huit ans après cette grève.
La décision ne sera connue que dans les jours à venir, mais le rapport fait ce jour-là par la commissaire du gouvernement ne laisse aucun doute : en effet, elle a repris dans son rapport tous les arguments de la direction, devant des membres du Conseil d'État très attentifs, comme ont pu le constater les travailleurs venus avec le délégué menacé de licenciement... puisqu'au moins un des conseillers dormait profondément. Bien des travailleurs savent que, dans cette société, la justice n'est pas de leur côté et ne seraient guère surpris que les membres de cette " haute " juridiction, nommés par le gouvernement, se placent dans le camp du patron.
La direction de Continental tente de licencier notre camarade depuis plus de huit ans maintenant, avec comme seul prétexte le fait qu'il a participé à une grève en juin-juillet 1994, aux côtés des centaines d'autres ouvriers. Cette grève avait alors éclaté contre la tentative de faire passer la semaine de travail à 45 heures durant ces mois d'été, et pour une augmentation de salaire et l'embauche des intérimaires. Elle eut un écho dans d'autres entreprises de la région, d'abord parce que ces revendications étaient aussi celles d'autres travailleurs, mais aussi parce que la direction de l'usine avait fait envoyer des nervis pour faire le coup de poing contre les grévistes. Elle avait été condamnée en justice pour cela. Et ce patron aux méthodes de chef de bande continua à s'attaquer aux grévistes dans les mois qui suivirent la fin du conflit, en tentant de licencier les plus combatifs d'entre eux. Finalement, quelques mois plus tard, il ne maintenait sa demande de licenciement que contre notre camarade.
Au bout de huit ans de procédure, durant lesquels ce délégué fut d'abord licencié en 1995 sur décision du ministre du Travail de l'époque, puis réintégré au bout d'un an sur décision du tribunal administratif, la direction, continuant à faire appel, finit par obtenir du Conseil d'État, le 26 juin 2002, un jugement qui lui était favorable. Le patron en profita pour licencier ce camarade aussitôt, durant ses congés, en juillet dernier. Mais n'ayant été prévenu à aucun moment de la procédure lancée par la direction, celui-ci déposa une requête devant le Conseil d'État, qui aboutit donc à cette audience du mercredi 28 janvier.
Depuis l'annonce du licenciement du camarade, les travailleurs ont manifesté à maintes reprises leur indignation. Il y eut deux pétitions différentes, qui recueillirent chacune près de 800 signatures dans cette usine comptant environ 900 ouvriers en production, des débrayages, des assemblées générales, des rassemblements dont un devant l'usine avec le soutien de travailleurs et de militants syndicaux des autres usines de la région.
La direction pensait, en licenciant ce délégué, pouvoir s'attaquer plus facilement à tous les salariés et serrer la vis à tous. Durant ces derniers mois, elle l'a montré en tentant de licencier deux autres délégués CGT, tentative qui échoua après un débrayage de plus de 130 travailleurs, en menaçant les intérimaires ou en tentant d'aggraver les conditions de travail. Ainsi, dans un atelier, aux Calandres, la direction voulut supprimer sur une machine un ouvrier par groupe de quatre. Cette machine, qui produit les bandes de roulement du pneu, faisant plus de 100 mètres de long, on imagine facilement la course nécessaire pour arriver à faire la même production avec un ouvrier de moins. Face à cette nouvelle attaque, la réaction des travailleurs concernés fut encore une fois immédiate.
Alors, notre camarade est peut-être dehors, mais la direction n'a pas obtenu ce qu'elle souhaitait pour autant. D'abord, il lui aura fallu huit ans pour parvenir à ses fins, et ce parce que les travailleurs n'ont jamais cessé de manifester leur indignation. Et aujourd'hui, elle doit toujours affronter la résistance des militants de la CGT et, plus largement, de tous les travailleurs combatifs.
Le directeur avait déclaré publiquement en juillet dernier qu'il était satisfait d'avoir " coupé la tête du serpent ". Comme le disait un ouvrier, militant de la CGT : " Maintenant, au serpent, il lui est repoussé plusieurs autres têtes ".