SNCF : Service public ou danger public ?30/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1800.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : Service public ou danger public ?

Les réductions des effectifs à la SNCF se traduisent par des suppressions de postes un peu partout, à raison d'un poste là, trois postes ici, une dizaine ailleurs. Non seulement les cheminots concernés en ressentent directement les effets, par des difficultés supplémentaires pour effectuer le même travail, mais encore les conséquences sur la sécurité du transport et de la circulation des trains peuvent être graves, voire très graves. La série d'incidents, qui auraient pu devenir des accidents, sinon des catastrophes, survenus en l'espace de quelques semaines, en donne une idée. Surtout qu'il s'agit seulement de ceux que nous connaissons...

Le 27 décembre 2002, en gare de Juvisy (Essonne) dans la banlieue parisienne, deux caissons sont tombés d'un wagon. Ils n'ont fait que cinq blessés légers, grâce au fait que le train de marchandises circulait lentement et que le quai de Juvisy était vide, un train de voyageurs s'étant arrêté quelques minutes auparavant pour les emmener vers Paris. Les caissons étaient mal amarrés, conséquence de la suppression de personnel qualifié pour vérifier les fixations.

Dans la semaine du 20 janvier, à Bordeaux, un train de marchandises est entré en catastrophe dans une voie de garage, le conducteur s'étant aperçu que toute une partie du train ne freinait pas. Il a fallu attendre que le train s'arrête de lui-même, sur des voies libérées à la dernière minute (heureusement que cela a été possible !). Là encore les conditions de vérification de la mise en sécurité du train avant son départ sont encore en cause.

Dans la nuit du 22 au 23 janvier dernier, au poste PRS (régulation des circulations) de Valenton, près de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), un train est resté sur place, faute d'étanchéité. Le jeudi 23 janvier, au même endroit, un wagon porte-autos présentait une avarie de sécurité dans les attachements avec les autres wagons, ainsi qu'une défaillance sur la boîte d'essieux.

Le vendredi 24 janvier, sur le triage de Villeneuve-Saint-Georges, une rupture d'attelage sur un train de marchandises avait lieu au poste d'aiguillage, laissant des wagons partir à la dérive...

La situation du contrôle de la sécurité sur les trains de marchandises se dégrade depuis longtemps. La SNCF a ainsi décidé, il y a déjà plusieurs années, que les visites techniques ne se feraient plus tous les 750 km parcourus mais tous les... 5 000 km, sous prétexte que le matériel, plus moderne, plus solide, ne nécessiterait pas des examens plus fréquents. Puis la SNCF a fait faire le travail de visite non plus par des cheminots qualifiés pour cela, les " visiteurs " techniques (dont les effectifs sont passés en quelques années de 5 000 à 400), recevant une formation de six mois (freins, avaries diverses...), mais par des cheminots dits " rateurs " (effectuant la " Reconnaissance aptitude transport "), formés en deux jours et qui, auparavant, intervenaient seulement après les visiteurs, pour vérifier que le train était bien formé et que tout allait bien. La SNCF n'a pas résisté à la tentation de faire des économies en supprimant le plus possible les visiteurs, profession aujourd'hui en train de disparaître.

Voici donc quelques exemples de la voie dangereuse sur laquelle la SNCF, par souci d'économies, engage et les cheminots, et les voyageurs.

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