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Tunnel du Somport : Les profits passent avant la sécurité
Le tunnel routier du Somport, qui relie la France à l'Espagne en passant par la vallée d'Aspe dans les Pyrénées centrales, a été inauguré vendredi 17 janvier, en présence du ministre des Transports, de Robien... mais pas des élus locaux qui ont, pour la plupart, boycotté la cérémonie.
Les habitants, qui s'opposent à l'invasion des poids lourds dans cette vallée protégée, ont manifesté leur hostilité. Pour l'instant, il est prévu que 1 400 véhicules, dont 300 camions, empruntent chaque jour ce passage, nombre qui devrait augmenter de plus d'un tiers d'ici dix ans.
Ce tunnel, long de 8,8 kilomètres, permettra, nous dit-on, tout juste un gain de temps d'un quart d'heure par rapport à la route du col, pour un coût de construction de 275 millions d'euros. Cela fait cher la minute. Les travaux ne sont d'ailleurs pas terminés, puisque la route d'accès ne sera complètement aménagée qu'en 2018 et qu'à certains endroits, elle est trop étroite pour que deux camions puissent se croiser. Il en coûtera encore 120 millions d'euros pour terminer ces aménagements.
Une fois de plus, les pouvoirs publics ont cédé devant les pressions des entreprises de transport routier. Le même jour, d'ailleurs, on annonçait la réouverture de la circulation dans les deux sens du tunnel du Mont-Blanc pour tous les véhicules, alors que ses sept mètres de large laissent tout juste la place aux camions de se croiser.
Dans le cas du tunnel du Somport, cette décision semble d'autant plus aberrante qu'un tunnel ferroviaire existait déjà. Certes, il était ancien et aurait nécessité des aménagements, mais il aurait pu être l'occasion de permettre le ferroutage, beaucoup plus sûr et beaucoup moins polluant puisque les poids lourds sont transportés sur les trains ; ce ferroutage dont les ministres des Transports successifs (le projet du tunnel du Somport datant de quinze ans) font grand cas dans leurs discours alors qu'ils s'aplatissent devant les intérêts financiers des professionnels de la route, au mépris de la sécurité et de l'environnement, c'est-à-dire de l'intérêt général.