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Université Paris-Sud (Orsay) : Universités sans crédit
Juste avant les fêtes de fin d'année, le président de l'Université Paris-Sud a envoyé un courrier à l'ensemble du personnel pour l'informer que, " si aucun moyen supplémentaire n'est accordé, l'Université Paris-Sud se verra contrainte à une fermeture prolongée en février 2003 ". Il ajoutait que " les bâtiments de l'ensemble de l'université pourraient être fermés du mardi 11 février au matin au lundi 3 mars 2003 au matin ".
Autant dire que ce message n'est pas passé inaperçu, d'autant moins que la presse et la télévision régionale s'en sont rapidement fait l'écho.
Comment en est-on arrivé là ? Les dirigeants de l'université incriminent, pêle-mêle, l'augmentation du prix de l'eau, du gaz, de l'électricité, les dépenses de sécurité pour les travaux de remise aux normes des bâtiments, la mise en place d'une équipe de sécurité incendie, les contrats de nettoyage, de gardiennage, d'entretien, d'enlèvement des déchets, et même - et ce n'est sans doute pas innocent - le coût de la restauration des personnels...
Il n'y a pourtant rien là-dedans d'extraordinaire ! 3 000 enseignants et chercheurs ainsi que 2 300 personnels techniques et administratifs travaillent dans les laboratoires et les services, et assurent la formation de 27 000 étudiants... Il faut bien leur fournir les moyens de travailler, les chauffer, assurer leur sécurité, leur permettre de prendre leurs repas sur place. N'importe qui peut comprendre ça mais, semble-t-il, pas l'État. Depuis des années, les réductions de crédits produisent des effets dévastateurs.
Les remèdes imaginés par les dirigeants de l'université sont donc la fermeture. Celle-ci permettrait, d'après son président, d'économiser un million d'euros. Elle comporterait aussi la suppression de certains travaux et des économies sur les heures d'enseignement et les dépenses liées à la pédagogie... En clair, au nom de ce qu'ils considèrent comme une saine gestion, c'est aux étudiants et au personnel qu'ils envisagent de faire payer la facture.
Pour le moment, dans les laboratoires, l'incrédulité domine. La plupart des employés n'imaginent pas que l'on puisse mettre 5 300 personnes en chômage technique et priver de cours 27 000 étudiants. Il s'agit à leurs yeux d'un coup de bluff dans le cadre d'une négociation avec le ministère... Peut-être. Il n'empêche que les problèmes de moyens pour assurer le service d'enseignement et de recherche existent bel et bien.
Certains syndicats sont tentés de mettre ces difficultés sur le dos de ce qu'ils appellent la " spécificité du Campus d'Orsay ", qui s'étend sur des kilomètres carrés. Mais l'insuffisance des crédits concerne toute la recherche (moins 100 millions d'euros cette année), toute l'Éducation nationale et même tous les services publics. Et c'est bien tous ensemble, qu'il faudra se battre pour y remédier.