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Dans le monde
États-Unis - Le plan de relance économique de Bush : Qui va en profiter ?
Mardi 7 janvier, le président américain annonçait qu'il allait demander aux deux Chambres du Congrès d'adopter d'ici avril ce qu'il présente comme un plan de relance de l'économie, pour lequel Bush propose de consacrer 670 milliards de dollars (pratiquement le même montant en euros) en dix ans.
Il est vrai que la situation économique de la première puissance mondiale n'est pas des plus brillantes. La croissance reste très faible (1 % en rythme annuel au dernier trimestre 2002), ce qui fait dire à certains que l'économie n'est pas sortie de la récession de 2001. Pour les possédants, cela se marque par trois années de baisse de la Bourse, une stagnation des investissements, quelques annonces de profits en baisse et même quelques faillites (comme celle de la compagnie United Airlines). S'y ajoutent aussi en ce moment les craintes sur d'éventuelles conséquences négatives d'un conflit armé en Irak.
Pour les travailleurs, bien évidemment, le tableau est bien plus sombre : revenus en baisse, chômage en hausse, en particulier pour les chômeurs de longue durée, accroissement faramineux des coûts de biens et services indispensables comme le logement, l'assurance-maladie, les cotisations retraite ; cela au moment où les budgets d'aide sociale, au niveau fédéral comme à celui des divers États, sont en baisse.
Mais le plan présenté par Bush n'a aucun rapport, ou presque, avec la situation vécue par la population laborieuse américaine.
La mesure la plus importante est la suppression de l'imposition des dividendes tirés des actions. Cela représente, pour dix ans, un cadeau de 300 milliards de dollars, soit presque la moitié de la somme totale consacrée à ce plan. Bush prétend qu'en mettant fin à ce qu'il appelle " la double imposition des dividendes ", son plan encourage les investisseurs à être plus actifs en Bourse, et donc à une relance de l'économie.
Cette logique a été critiquée par des commentateurs qui n'ont rien de marxistes : ils font remarquer qu'il n'y a aucune chance pour qu'une nouvelle baisse d'impôts (après celle accordée en 2001) pour les plus riches les amène à consacrer tout ou partie de ces sommes à des investissements productifs ayant un impact immédiat sur l'économie. Les dirigeants syndicaux ont mis en avant un argument de bon sens : si l'on veut encourager une relance de la production, il faudrait aider ceux qui consacreront immédiatement ces sommes à une augmentation de leurs dépenses de base. Quant à l'argument contre la " double taxation ", un économiste bourgeois s'en est moqué en rappelant que tous les salariés subissaient des retenues sur leurs salaires pour leurs charges sociales et que cela ne les empêchait pas de devoir payer un impôt sur le revenu et tous les impôts indirects sur leurs achats.
La suppression de cette imposition sur les dividendes est clairement une mesure en faveur des plus riches. Alors que Bush prétend aider les 32 millions d'Américains qui ont des actions, des instituts ont pu calculer que cette " ristourne " de 300 milliards sera destinée pour moitié aux 10 % des contribuables les plus riches !
La seconde mesure du plan Bush est une réduction, temporaire celle-ci, de l'impôt sur le revenu. Là aussi, les journaux ont pu indiquer qu'elle bénéficiera, comme la baisse accordée en 2001, aux plus riches : une famille ayant un revenu annuel inférieur à 50 000 dollars (revenu moyen américain pour un couple avec deux salaires) aura droit à une baisse de ses impôts sur le revenu inférieure à seulement 135 dollars.
Bien sûr, Bush a ajouté dans son plan une petite alouette à étiquette " sociale ", avec des mesures comme la prolongation de la durée de versement des allocations-chômage ou une aide de 3 000 dollars pour que les chômeurs puissent retrouver un travail. Mais le fait essentiel est que ce plan, se prétendant un stimulant pour l'économie, ne sera qu'un cadeau à la minorité la plus riche du pays. Et lorsque le président Bush a haussé le ton en disant que critiquer ce plan revenait à prôner la lutte de classe, on ne peut, cette fois, que souhaiter qu'il ait raison !