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- Lutte ouvrière n°1798
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Côte-d'Ivoire - Réunion à Paris sous l'égide de l'impérialisme français : Rien de bon pour les masses pauvres
A peine Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères, avait-il quitté la Côte-d'Ivoire après avoir obtenu la promesse d'une réunion à Paris entre les belligérants, que les troupes gouvernementales violaient une nouvelle fois le cessez-le-feu et bombardaient Grabo, une ville tenue par les forces rebelles de l'Ouest, faisant plusieurs dizaines de morts parmi la population civile, le 9 janvier.
Censée faire respecter le cessez-le-feu entre troupes rebelles et gouvernementales, l'armée française est à nouveau accusée de complicité avec le régime de Gbagbo, tout comme lors de l'attaque du village de pêcheurs de Menakro quelques jours plus tôt. Pour se justifier, l'état-major français affirme qu'il ne pouvait tirer sur un hélicoptère gouvernemental, ne sachant si celui-ci procédait à une simple mission de reconnaissance en territoire ennemi ou... à une attaque contre un village aux mains des rebelles. Force est de constater cependant que l'armée française n'a pas manifesté les mêmes scrupules lorsqu'elle a ouvert le feu sur les lignes tenues par les forces rebelles de l'Ouest ivoirien quelques jours plus tôt.
Le gouvernement français affirme pour sa part que ces incidents ne sauraient remettre en question la table ronde entre le gouvernement ivoirien, les principaux partis politiques et les différents mouvements rebelles, qui doit débuter à Paris, à partir du 15 janvier. Son problème en réalité est de trouver une issue politique à la crise ivoirienne, pour qu'un climat propice aux affaires revienne le plus vite possible.
En effet, depuis quatre mois, la guerre civile a débouché sur une partition de fait du pays : le gouvernement ne contrôle plus que le Sud, tandis que trois mouvements rebelles se partagent l'Ouest et le Nord. Ce conflit se double d'une crise économique dont les effets se font sentir dans toute cette sous-région d'Afrique de l'Ouest. L'arrêt du transport routier et ferroviaire entre la Côte-d'Ivoire et ses voisins gêne considérablement les échanges du Mali et du Burkina-Faso, par exemple. De nombreuses entreprises ont mis leurs salariés au chômage, tandis que le coût de la vie flambe. Cette situation est aggravée par l'exode de dizaines de milliers de travailleurs immigrés en butte à la répression gouvernementale, ou de populations civiles fuyant les zones de combat.
En déployant 2 500 soldats, le gouvernement français a pour l'instant endigué l'avance des rebelles, préservant les riches zones de culture ainsi qu'Abidjan, la capitale économique. En dépit de cette complicité et de l'apport de plusieurs centaines de mercenaires, les troupes loyalistes, plus entraînées à rançonner la population qu'à livrer bataille, n'ont pas été capables de reconquérir du terrain.
En réunissant les représentants du gouvernement, des différentes factions et des partis autour d'une table à Paris, le gouvernement français espère déboucher sur une " réconciliation nationale ". Mais de quels moyens dispose-t-il pour amener les différentes factions à composer durablement ? Il est plus vraisemblable que les rebelles préfèrent s'accrocher aux fiefs qu'ils se sont taillés plutôt que de rechercher un compromis avec un gouvernement qui, de toute façon, ne respectera pas ses engagements.
Quoi qu'il en soit, le sort de la population ivoirienne entre pour bien peu dans ces tractations. Elle continuera à subir les combats, la loi des bandes armées, la corruption du régime et, par-dessus tout, l'exploitation des trusts, et plus particulièrement des groupes français.