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Venezuela : Cinquième semaine de " grève " contre Chavez
Depuis le 2 décembre, l'opposition au président Chavez tente de paralyser le Venezuela pour obtenir son départ. Sous la direction de la fédération patronale Fedecamaras, de l'épiscopat, des principaux médias, des cadres de la compagnie pétrolière nationale PCVSA et des chefs syndicaux de la Confédération des Travailleurs du Venezuela (CTV), la Coordination démocratique mobilise la petite bourgeoisie de la capitale pour des concerts de casseroles et des manifestations. Cette situation rappelle celle du Chili d'Allende en 1973, où les sommets de la bourgeoisie mobilisèrent la petite bourgeoisie, avec l'appui de l'impérialisme américain, contre le gouvernement " de gauche ", avant que l'armée n'effectue le bain de sang contre la classe ouvrière.
La " grève générale " décrétée par l'opposition a fermé une bonne partie des commerces. L'essence n'arrive plus aux stations-service, ce qui menace de paralyser le pays. Mais surtout l'extraction pétrolière est bloquée. Or le Venezuela est le huitième producteur mondial de pétrole, le cinquième exportateur. Les exportations de pétrole, dont 70 % vont aux États-Unis, représentent 82 % des rentrées du pays et 50 % des recettes de l'État.
L'objectif de l'opposition est la démission de Chavez et l'organisation d'élections anticipées, dont il serait exclu. Les dirigeants politiques et économiques du pays dénoncent la dictature du président. En fait, il semble surtout que cet ancien lieutenant-colonel, auteur en 1992 d'un putsch raté, emprisonné deux ans, élu en 1998 à la présidence, réélu en 2000, s'en soit pris ou ait menacé de s'en prendre à leurs privilèges.
Chavez ne fait pas partie de ces milieux dirigeants corrompus qui tirent leur prospérité de la manne pétrolière et qui n'avaient pas hésité en 1989 à faire des centaines de morts pour écraser une révolte populaire. De là vient sa popularité. Cela lui a valu le soutien du petit peuple des bidonvilles de Caracas et de toute une partie de l'armée. Lorsqu'en avril dernier l'oligarchie avait réussi à le déposer et à l'arrêter, il avait été dès le surlendemain libéré et rétabli à son poste par les manifestants des bidonvilles et les parachutistes. Et il avait continué à dialoguer en direct avec la population, lors d'émissions de télé hebdomadaires. Il avait repris ses postures démagogiques, bien peu efficaces en faveur des pauvres (près de 80 % des Vénézuéliens vivent en dessous du seuil de pauvreté) et des opprimés. Il s'était affiché avec Fidel Castro, avait rendu visite à Saddam Hussein.
Ces petites provocations vis-à-vis de la bourgeoisie ou des États-Unis n'allaient pas bien loin. Jamais il ne s'en est pris aux fortunes des riches. Il se contentait d'utiliser, pour renforcer sa popularité, les sentiments anti-riches et anti-américains de la population. Mais cela a suffi pour en faire la bête noire de l'oligarchie.
Quant aux dirigeants impérialistes, américains en particulier, ils semblent le considérer comme un homme imprévisible, donc potentiellement dangereux. Mais ils savent aussi, pour l'avoir constaté dans les faits en avril dernier, qu'il est périlleux de s'en prendre à lui tant qu'il bénéficie de l'appui de la majorité de la population et de l'armée. Les États-Unis ont tenté d'intervenir par l'intermédiaire de l'Organisation des États Américains, conseillant une " solution politique ", des élections anticipées qui auraient donné gain de cause à l'opposition. Mais devant le refus de Chavez ils n'ont pas insisté. Et le fait que les autorités brésiliennes, ancien et nouveau gouvernement d'accord, livrent du carburant au Venezuela pour empêcher la paralysie du pays montre que personne ne souhaite une épreuve de force sanglante.
Chavez de son côté reste sur la défensive, mobilise ses partisans pour le soutenir, mais se garde bien de les lancer à l'assaut des riches et des corrompus. Quant à l'armée, elle semble rester fidèle à la Constitution, et donc à Chavez. Jusqu'à quand ?