Patronat et gouvernement nous promettent une sale année ; préparons-leur la riposte !02/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1796.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Patronat et gouvernement nous promettent une sale année ; préparons-leur la riposte !

Le chômage a encore augmenté le mois dernier : 13 000 chômeurs en plus. Sur un an, la hausse est de 4,7 %. Et le patronat et son gouvernement, qui répètent qu'il ne faut pas s'attendre à ce que la situation s'améliore l'an prochain, prennent des dispositions. Pour aggraver encore la situation des chômeurs.

Contre les chômeurs...

La nouvelle convention UNEDIC, qui a été signée le 20 décembre par le patronat et les syndicats CFDT, CFTC et CGC, est en effet une offensive tout azimut. Toutes les catégories de chômeurs sont visées, de toutes les façons possibles : diminution de la durée d'indemnisation, allongement de la durée de travail permettant d'ouvrir ses droits, baisse des allocations... Pour les licenciés de moins de 50 ans, la durée de l'indemnisation, aujourd'hui 30 mois, passera à 23 mois. La situation est peut-être pire pour ceux qui se retrouvent sur le carreau après 50 ans, c'est-à-dire ceux pour qui il sera le plus dur de retrouver un emploi : la durée d'indemnisation des 50-55 ans passera de 45 mois à 36, voire 23 mois. Quant aux plus de 55 ans, ils pouvaient jusqu'à présent être indemnisés pendant les cinq ans leur permettant d'atteindre l'âge de la retraite (s'ils avaient suffisamment cotisé) ; à partir du 1er janvier prochain, seuls les plus de 57 ans auront droit à ce régime.

Il y en a aussi contre les plus jeunes, notamment les précaires. Auparavant, ils avaient droit aux ASSEDIC s'ils avaient cotisé 4 des 18 mois précédents. Désormais, il leur faudra avoir travaillé 6 mois sur les 22 précédents. Au total, c'est plus de 250 000 personnes qui devraient être ainsi rayées des Assedic.

Enfin, une mesure pour les chômeurs toutes catégories : 1,8 % d'allocations supprimées par l'augmentation des prélèvements pour les retraites. Un pourcentage qui représente quelque chose, quand la moitié des chômeurs indemnisés (mais un sur deux ne l'est pas du tout) touchent moins de 770 euros par mois.

Evidemment, le MEDEF justifie cette attaque contre les chômeurs et les précaires au nom du " sauvetage de l'UNEDIC ". Et il nous raconte que le déficit des comptes atteindrait les 15 milliards d'euros en 2005 si rien n'est fait... Mais ce déficit a été soigneusement préparé au moment de l'instauration du PARE en 2001, qui a diminué le montant des cotisations, à la demande des patrons ! Et il est surtout dû à la précarité et au chômage eux-mêmes. Ces causes-là, la nouvelle convention ne va sûrement pas aider à les combattre. Les syndicats signataires ont certes le culot de reprendre la propagande patronale, pour expliquer que les indemnisations trop faciles permettraient aux patrons d'abuser du travail jetable. Comme si le nouveau système allait empêcher les patrons de continuer à licencier ou à jouer avec les charrettes d'intérimaires ! Il vise au contraire, avec ses règles encore plus dures, à rendre les précaires de demain toujours plus exploitables par le patronat.

...et l'ensemble du monde du travail

Cette attaque vise aussi les travailleurs ayant un emploi. Car non seulement la pression accrue contre les chômeurs va se répercuter sur les salaires et les conditions de travail de tous, mais le fameux déficit de l'UNEDIC, ils veulent aussi nous le faire payer : 25 % proviendront de prélèvements supplémentaires sur notre fiche de paye, pour 50 % économisés sur le dos des chômeurs, et seulement 25 % de hausses de cotisations patronales. Les trois quarts de la note sont pour nous : c'est ce qu'ils appellent " un accord équitable " !

En face, patrons et gouvernement sont unis. Ils ont annoncé pour l'année prochaine une offensive méthodique, et pas seulement contre l'assurance chômage : retraites, sécurité sociale, ils se préparent sur tous les fronts. Notre riposte ne doit pas être moins unitaire. La seule chose qui puisse les arrêter, c'est la force collective du monde du travail : nous avons les moyens de leur faire ravaler leurs résolutions. Prenons les nôtres et meilleurs voeux !

Éditorial des bulletins d'entreprises l'Etincelle de la minorité du lundi 30 décembre 2002.

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