Handicapés à Fourmies (Nord) : Un atelier protégé, mais de quoi ?02/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1796.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Handicapés à Fourmies (Nord) : Un atelier protégé, mais de quoi ?

L'usine Soud'Helpe, à Fourmies, emploie 20 ouvriers handicapés à des travaux de pliage de tôle et de fil, soudure semi-automatique et par points, meulage, etc. Ce sont des travaux de sous-traitance, fréquemment en rapport avec d'autres usines de la région. Les salaires tournent autour du Smic. A ceux qui demandent une rallonge, on conseille d'aller ailleurs...

L'atelier est géré par l'Arpih, une association qui procure des emplois aux travailleurs handicapés et n'est pas censée faire de bénéfices. Pourtant les conditions de travail n'ont rien à envier à celles pratiquées chez les patrons de la région : certaines machines sont très vétustes, le coupe-fil par exemple est défectueux et on a intérêt à retirer le pied très vite de la pédale. Il n'y a ni carreau, ni carter sur les meules. Il n'y a pas de palan, il faut se mettre à quatre autour d'un transpalette pour déplacer les charges lourdes... quatre travailleurs handicapés ! Mais c'est surtout l'état du bâtiment qui est inquiétant.

Il s'agit d'une filature du XIXe siècle. Les autres usines de cette époque ont été rasées ou transformées en musée depuis longtemps. Mais celle-là est encore assez bonne pour des travailleurs handicapés... Le toit fuit, y compris sur des machines en fonctionnement. Le sol s'affaisse et n'est même pas bétonné... Un jour un fenwick en charge s'est enfoncé, depuis le trou est recouvert d'une tôle. Il y a une seule toilette pour tous les ouvriers, on casse la croûte dans le vestiaire et les odeurs d'égout remontent dans l'atelier. Les bureaux sont également vétustes et visités par les souris régulièrement. Seule solution, paraît-il, mettre des tapettes... Inutile de dire qu'il n'y a pas de local syndical.

Devant cette situation, l'ensemble du personnel s'est adressé publiquement au maire de Fourmies, car les locaux appartiennent à la ville. Dans leur lettre ouverte, reprise par les journaux, ils faisaient remarquer que les municipalités successives de Fourmies avaient toujours su subventionner les patrons privés. Mais que visiblement, les travailleurs handicapés, régis par une association, ne méritaient pas l'attention des pouvoirs publics.

Les ouvriers étant unanimes et l'affaire ayant été rendue publique, la mairie a été obligée de réagir : pour l'instant l'atelier a été visité par un adjoint au maire et un couvreur est venu faire quelques travaux d'urgences, bien insuffisants. Il n'y a aucune amélioration sur les conditions de travail. Les travailleurs continuent à faire pression pour obtenir des nouveaux locaux, dans la ville de Fourmies, et des conditions de travail correctes et compatibles avec leur état physique.

Le fait que le maire actuel de Fourmies prétende se préoccuper particulièrement des handicapés et que Chirac en fasse une " priorité nationale ", les fait sourire. C'est déjà ça.

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