Usines Daewoo (Lorraine) : Coup de colère25/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1795.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Usines Daewoo (Lorraine) : Coup de colère

Des trois usines Daewoo installées en Lorraine, la première ouverte, celle de Villers-la-Montagne, a fermé le 29 novembre dernier avec 229 licenciements. La deuxième, celle de Fameck, qui fabriquait des téléviseurs, va fermer le 16 janvier avec 170 licenciements, après qu'une centaine a eu lieu au mois d'avril dernier.

Le sort de la dernière usine, celle de Mont-Saint-Martin près de Longwy qui compte 550 salariés et fabrique des tubes cathodiques pour téléviseurs, devait se décider le 9 janvier au tribunal. Mais, le 20 décembre, à Mont-Saint-Martin comme à Fameck, les travailleurs ont appris que les salaires risquaient de ne pas être payés. Spontanément, le travail s'est arrêté et la direction a été séquestrée. A Fameck, le mouvement n'a duré qu'une journée, les travailleurs obtenant la garantie que leur salaire de décembre et leurs indemnités de licenciement - l'usine ferme ses portes début janvier - seraient bien versés.

A Mont-Saint-Martin, l'usine a été occupée pendant deux jours par des travailleurs exaspérés des menaces sur leur emploi qui durent depuis plus de trois ans maintenant. Ce n'est qu'après avoir obtenu la garantie que la paye serait versée, mais sans aucune assurance sur l'avenir, qu'ils ont accepté de lever la séquestration comme les y appelaient la CFDT et la CFTC, alors que CGT et FO défendaient le maintien de l'occupation. Rien n'est réglé pour autant, car tout le monde sent qu'on s'achemine vers la fermeture.

L'usine de Mont-Saint-Martin a été inaugurée en grande pompe en 1996. A l'époque, Daewoo était présenté comme le sauveur de l'emploi en Lorraine après la saignée des licenciements dans la sidérurgie. Le groupe coréen devait doubler l'effectif de Mont-Saint-Martin, construire une usine de verre à Thionville, une autre de frigos à Verdun... et les aides publiques coulaient à flots (entre 300 et 450 millions de francs selon les estimations). Depuis des mois, les difficultés financières de l'usine font la une de la presse locale. Daewoo doit 3,8 millions d'euros à l'Urssaf, un million pour le paiement des taxes foncières et professionnelles, 514 000 euros concernant un redressement fiscal... sans compter les nombreuses dettes aux banques, dont 4 millions à la Société Générale.

Bien difficile de savoir quelle est la réalité de ces difficultés. D'une part parce que, comme dans toutes les multinationales, l'opacité règne et personne n'arrive à comprendre quels sont les flux d'argent ou de matière entre les différentes filiales du groupe. D'autre part, parce que de toute façon il est clair que Daewoo a fait le choix de fermer ses installations en Lorraine.

Dans une note interne publiée par la presse locale, le ministère du Travail s'émouvait d'un risque " d'explosion sociale " si l'usine de Mont-Saint-Martin venait à fermer à son tour. D'autant que les 550 travailleurs de l'usine sont jeunes et ont mené une grève dure, il y a trois ans, grève qui s'était achevée sur un succès.

Les pouvoirs publics n'ont aucun avenir à offrir aux ouvriers de chez Daewoo. Ils parlent d'aides à la reconversion, de formation, mais tout le monde sait que cela ne débouche sur rien. Il y a un an, Bata licenciait 526 travailleurs. Un an plus tard, seuls 58 ont trouvé un emploi en CDI...

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