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- Lutte ouvrière n°1795
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Tribune de la minorité
Un sale paquet cadeau pour les chômeurs et les salariés
L'assurance-chômage au bord du gouffre ! L'UNEDIC dans le rouge ! Les expressions alarmistes ne manquaient pas, la semaine dernière, dans la bouche des dirigeants patronaux et de certains représentants syndicaux, qui viennent de se mettre d'accord sur les nouvelles règles d'indemnisation des chômeurs.
Il manquerait 5 milliards d'euros dans les caisses. Pas étonnant quand on licencie les salariés par dizaines de milliers, quand on renvoie en masse les intérimaires et les CDD : cela fait à la fois moins de cotisants, donc moins de rentrées dans les caisses de l'UNEDIC (l'assurance-chômage), et plus de gens à indemniser.
Il aurait paru logique que les responsables payent. Que les grands groupes qui se livrent depuis plus d'un an à un véritable jeu de massacre en matière d'emploi, soient mis à contribution pour dédommager tous ceux qui se retrouvent sur le carreau !
Il y aurait une solution encore plus simple : interdire les licenciements. Au lieu de quoi, ce sont les salariés et les demandeurs d'emplois qui vont une fois de plus régler l'essentiel de la note. Et cela, avec l'aval de deux syndicats, la CFDT et la CFTC, qui ont signé l'accord, tandis que la CGT refusait et FO réservait sa réponse.
La cotisation sur les salaires est relevée de 0,3 points. Au fil des années, à force de ponctionner un dixième de point par-ci, un dixième par-là, on a transformé les fiches de paye en un véritable gruyère. Il y a vingt ans, quand on prélevait 10 francs pour financer la protection sociale, environ 2 francs étaient pris sur les salaires. Aujourd'hui c'est environ 4,50 F.
Beau temps pour le Medef
En théorie, les patrons aussi vont voir leurs cotisations augmenter de 0,3 points. C'est ce que le représentant du Medef aux négociations sur l'UNEDIC appelle un accord équitable. Mais les patrons ont mille et une façons légales de ne pas régler leurs cotisations sociales, grâce aux innombrables exemptions qu'ils obtiennent par le biais des prétendues mesures en faveur de l'emploi des jeunes, des chômeurs de longue durée, des bas salaires, des non qualifiés, des régions en difficultés, ou au nom de la réduction du temps de travail. S'il y a quelqu'un d'aidé et d'assisté en la matière, ce sont toutes ces entreprises dispensées par l'État de charges sociales. L'ensemble de ces cadeaux a crevé le plafond de 15 milliards d'euros (100 milliards de francs) l'an dernier, trois fois de quoi combler le déficit de l'Unedic. Tout cela sans créer un seul emploi, puisque bien des patrons empochent les aides de la main droite et licencient de la main gauche. Et si la même somme était utilisée par l'État pour créer des emplois d'infirmières, de postiers, d'enseignants ou de cheminots, cela permettrait d'embaucher presque un chômeur sur trois avec un salaire convenable !
Les chômeurs ne sont pas à la fête
Plus encore que les salariés, ce sont les chômeurs qui vont faire les frais de cet accord UNEDIC. Les conditions pour être indemnisé vont être à nouveau durcies : pas exemple, un précaire (CDD ou intérimaire) devra avoir travaillé 6 mois au lieu de 4. Pour couronner le tout, l'ANPE pratique actuellement des dizaines de milliers de radiations pour dissimuler la hausse du chômage.
Les durées d'indemnisations vont aussi être réduites, notamment pour les plus de cinquante ans, qui bénéficient d'un régime à part. Le résultat de cette escroquerie sur l'assurance-chômage en pleine période de crise économique n'est pas difficile à prévoir : des dizaines voire des centaines de milliers de personnes supplémentaires vont être poussées vers le RMI (du moins s'ils ont plus de 25 ans !), ou même vers les restos du coeur, le secours populaire et les foyers de SDF.
La guerre aux pauvres bat son plein. Il serait temps que les travailleurs, avec ou sans emploi, rassemblent leurs forces pour mener la guerre aux faiseurs de profits et à leurs larbins au gouvernement.
Editorial des bulletins d'entreprise l'Etincelle, du lundi 23 décembre 2002