Ressources des chômeurs : Attaque du patronat avec l'aide de certains syndicats25/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1795.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ressources des chômeurs : Attaque du patronat avec l'aide de certains syndicats

Dans la nuit du 19 au 20 décembre, les représentants du patronat, de la CFDT et de la CGC ont approuvé un protocole d'accord sur les nouvelles règles régissant l'indemnisation des chômeurs et le financement de l'Unedic, l'organisme coiffant les Assedic, qui elles-mêmes versent les allocations aux chômeurs. La CFTC s'est depuis ralliée à ce texte. Ce protocole va avoir des conséquences dramatiques pour des centaines de milliers de chômeurs.

Ce sale coup contre les chômeurs a volontairement été mis au point à la veille de Noël, en espérant que la période permettrait de faire passer la chose en douceur.

Les représentants du patronat ont déclaré qu'il était, selon eux, urgent de faire des économies pour combler les déficits, alors que l'augmentation des dépenses de l'Unedic est avant tout due à la recrudescence du chômage ces derniers mois, avec une envolée dans la toute dernière période. Mais, au-delà des augmentations de cotisations limitées, payées par les salariés et les patrons, l'essentiel des mesures porte sur les réductions massives des droits à l'indemnisation. Tous les chômeurs vont être touchés, surtout ceux de longue durée et les plus de cinquante ans.

Les porte-parole du patronat ont eu le culot de parler à ce propos de " simplification visant à éviter les dérives de l'ancien système ". En fait de " simplifications ", il s'agit tout simplement de supprimer des droits.

Ainsi, à partir du 1er janvier 2003, les salariés licenciés devront, pour prétendre toucher une indemnité chômage, avoir travaillé au moins 6 mois sur les 22 mois qui précèdent leur licenciement, alors qu'il suffisait auparavant d'avoir travaillé 4 mois sur une période d'un an et demi. Ceux qui avaient droit à la durée maximum de 30 mois n'auront plus droit qu'à 23 mois d'indemnisation.

Jamais l'indemnisation des chômeurs n'avait été aussi limitée dans le temps, au moment même où une plus forte augmentation du chômage touche les chômeurs de longue durée, c'est-à-dire ceux qui sont depuis plus d'un an au chômage.

Les plus de cinquante ans, qui sont bien souvent la cible favorite du patronat lors des licenciements, car ils sont les plus usés au travail et ont les salaires les plus hauts, vont voir leurs droits littéralement s'effondrer.

Jusqu'ici les chômeurs âgés de cinquante à cinquante-quatre ans pouvaient prétendre à 45 mois d'indemnisation. Ce temps a été ramené dorénavant à 36 mois maximum, voire pour certaines catégories à 23 mois d'indemnisation et même 7 mois pour certains !

Les signataires de cet accord n'ont pas hésité à aller à l'encontre de la loi qui préconise un traitement spécifique pour tous les salariés de plus de cinquante ans menacés de licenciement. Les droits existants permettaient aux chômeurs de plus de cinquante ans, approchant les 40 années de cotisations, de faire le relais avec la retraite. C'est ce qui est maintenant remis en cause

Un pas de plus a été ainsi fait pour faire disparaître les droits des chômeurs de 55 ans et plus. Jusqu'ici, et depuis des dizaines d'années, les chômeurs de plus 55 ans avaient des droits particuliers, et surtout une durée d'indemnisation de 60 mois. Eh bien, pour eux, cela est tout simplement supprimé.

Les signataires de l'accord ont créé une nouvelle catégorie, celle des chômeurs de plus cinquante-sept ans, qui auront droit à 42 mois d'indemnisation, ce qui annonce déjà la volonté de repousser au-delà de soixante ans les droits à la retraite.

Les conséquences de l'ensemble de ces mesures aboutiront, au mieux, à transformer des chômeurs déjà peu indemnisés en chômeurs en fin de droits, devant survivre avec moins de 2 700 francs par mois, ou en Rmistes, ou en rien du tout, pour ceux qui ne pourraient y avoir droit. C'est le cas des propriétaires de leur maison ou de leur appartement, qui sont considérés comme privilégiés, même privés d'emploi. Ceux-ci seraient alors sans aucune ressource.

Combien de drames cela prépare-t-il, alors que le patronat licencie à tour de bras ?

Les auteurs de l'accord, très conscients des conséquences de leurs décisions, ont tenu a étaler son application, pour éviter de trop brusques réactions. Ainsi, si les nouveaux chômeurs se verront appliquer les mesures décidées à partir du 1er janvier 2003, les chômeurs actuels et ceux dont la procédure de licenciement a déjà été annoncée verront son application repoussée au 1er janvier 2004. Par ailleurs les chômeurs actuels de plus 50 ans continueront à bénéficier de l'ancien système.

En outre, les chômeurs verront leur allocation baisser de près de 2 % à la suite de l'institution d'une cotisation supplémentaire pour les retraites complémentaires, ce qui signifie une diminution d'un pouvoir d'achat souvent bien faible.

Quant au patronat, il peut être sûr d'avoir ainsi, encore plus qu'aujourd'hui, un moyen de pression sur les salaires de tous les travailleurs, avec des chômeurs qu'il espère désespérés et prêts à accepter n'importe quoi. A moins que cette attaque supplémentaire soit celle de trop qui provoque un juste retour de manivelle de la part de l'ensemble du monde du travail.

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