Los Angeles : Le nouveau chef de la police s'en prend aux sans-abri25/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1795.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Los Angeles : Le nouveau chef de la police s'en prend aux sans-abri

(Article paru dans le bi-mensuel trotskyste américain The Spark du 9 décembre 2002)

A la fin novembre, le Los Angeles Police Department, secondé par la California Highway Patrol, le California Department of Corrections, le US Marshall's Service et le FBI ont lancé l'" Opération Ça suffit ", qui visait, d'après eux, à réprimer le crime.

En fait, pendant deux jours et deux nuits, des centaines d'agents des forces de l'ordre se sont déployés dans les quartiers et les hôtels à bon marché où les sans-abri ont été forcés de vivre. Ils ont ébloui les occupants des tentes de fortune avec leurs lampes torches, fait aligner contre les murs des dizaines de personnes à la fois, et interrogé des gens dans la rue même. Au bout de deux jours, la police avait opéré plus de 200 arrestations, la plupart pour des violations de liberté sur parole. Elle a aussi placé plusieurs centaines de contraventions, en particulier pour marche au milieu des rues, mendicité et autres " atteintes à la circulation ".

Il est plus que choquant de voir la police choisir de monter une si vaste opération contre les miséreux et les pauvres sans-abri. Après tout, ces gens n'ont pas été arrêtés parce qu'ils commettaient des actes de délinquance. La police était tout simplement en train de harceler des gens pour la seule raison qu'ils avaient la malchance de ne pas avoir d'endroit pour vivre.

Les autorités affirment que 15 000 personnes vivent dans des hôtels miteux, les abris pour SDF et dans les rues des quartiers de Los Angeles peuplés de clochards. Ce n'est pas une situation accidentelle. Depuis le milieu des années 1970, avec la croissance du chômage, la diminution du parc des logements à bon marché et les coupes dans les allocations aux malades mentaux, les chiffres de la population sans abri ont commencé à s'envoler. Les autorités municipales décidèrent " d'endiguer physiquement " la population des sans-abri dans un coin de la ville. Au lieu de prendre des mesures pour améliorer le sort des plus pauvres, les officiels décidèrent simplement de les tenir à l'écart, afin qu'ils ne gênent pas la marche des affaires.

Depuis lors, cela est resté la politique officielle. Pour plus d'un quart de siècle, les prisons, les services de la police, les services sociaux et les agences de suivi des malades mentaux, dans toute la région et même au niveau de l'État de Californie, ont littéralement déversé les marginaux et un nombre croissant de familles sans logis dans les quartiers dévastés. Là, tous ces gens sont supposés survivre avec pratiquement rien, sauf l'aide de soupes populaires, de refuges pour SDF et des bureaux des services sociaux de l'État, tous débordés.

De temps à autre, en général lorsque les commerçants et les PME de ces quartiers ont émis suffisamment de plaintes contre la saleté, la mendicité, les vols, la drogue et la prostitution, la police met en oeuvre, avec force publicité, des ratissages comme " Opération Ça suffit ". Bien sûr, cela ne change rien, parce que la délinquance est une conséquence des conditions de vie abjectes et misérables qui sont le lot des plus pauvres, conditions de vie rendues encore pires par de tels ratissages.

Au moment de prendre sa place à la tête de la police de Los Angeles, William Bratton promit, comme d'habitude, de nettoyer et réformer ses services, qui, durant des années, ont pataugé dans des scandales causés par leur brutalité, ou liés à la drogue et la corruption. Il promit aussi, comme tout le monde, de faire baisser les chiffres croissants de la délinquance.

Mais ses attaques contre les pauvres et les misérables des quartiers dévastés montrent que Bratton fera tout à fait comme ses prédécesseurs.

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