Irak : La menace s'aggrave25/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1795.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : La menace s'aggrave

Les menaces sur l'Irak continuent à s'aggraver. Comme l'a montré la réaction des dirigeants américains au rapport de l'Irak sur l'état de ses armements, le fait pour Bagdad de se plier aux diktats du Conseil de Sécurité de l'ONU n'atténue en rien le ton belliqueux de Washington, bien au contraire. Car, après " examen " de ce rapport, dont ils avaient fait savoir par avance qu'ils ne lui accorderaient aucun crédit, Bush et ses acolytes ont monté le ton, en décrétant qu'il constituait en soi une " rupture matérielle " des conditions imposées à l'Irak par la résolution 1441 du Conseil de Sécurité.

En quoi ? Ils ne l'ont guère précisé, sinon en se référant à des évaluations de stocks de munitions chimiques et bactériologiques remontant à 1995, voire 1990, dont les spécialistes disent eux-mêmes qu'elles n'ont aucun sens, compte tenu de la durée de vie limitée de ce type d'armement.

Mais surtout, tout indique que l'administration américaine ne tenait pas à s'appesantir sur le véritable contenu de ce rapport. Car, à en croire des " fuites " rendues publiques par la presse américaine, outre la liste de tous les équipements militaires irakiens, ce rapport contenait aussi celle, fort longue, des entreprises occidentales ayant vendu une bonne part de ces équipements à l'Irak, parfois même après l'invasion du Koweit. Alors, " secret commercial " oblige, Bush n'allait quand même pas clouer les trusts au pilori ! Sans doute est-ce là aussi la vraie raison pour laquelle les membres non permanents du Conseil de Sécurité n'ont eu droit, à leur grand scandale, qu'à une version " expurgée " du rapport irakien, réduite à 5 500 pages sur les 12 000 de l'original.

Du coup, malgré les accusations de " mensonges " portées par Bush, son secrétaire d'État Colin Powell a dû concéder que " cela ne signifie pas encore la guerre ". Mais il a aussitôt ajouté que le véritable test, aux yeux de Washington, serait désormais la bonne volonté de Bagdad à laisser l'ONU enlever ses scientifiques et autres experts en armement pour les interroger à l'étranger, conformément à une clause de la résolution 1441 - clause imposée au Conseil de Sécurité par les États-Unis, sans que la France ni les autres impérialismes mineurs, qui y étaient soi-disant opposés, la rejettent en exerçant leur veto. Et, bien sûr, l'insistance de Washington sur cette clause n'était pas le fruit du hasard. Car Saddam Hussein ne peut se soumettre à une telle exigence qu'en se déconsidérant vis-à-vis de toute une partie de l'élite de son propre régime.

C'est donc bien d'un durcissement qu'il s'agit de la part des dirigeants américains, qui ont montré ainsi qu'ils ne font qu'attendre leur heure.

D'ailleurs, dans la foulée de ces déclarations, le 21 décembre, Bush donnait son accord à l'envoi d'un nouveau contingent de 50 000 soldats dans le golfe Persique courant janvier, doublant ainsi les effectifs américains dans la région. Dans le même temps, le gouvernement britannique annonçait la mobilisation de onze navires de la marine commerciale pour une durée de 100 jours à partir de la mi-janvier, afin, " le cas échéant ", de transporter des troupes dans le Golfe. Dès cette date, une flottille britannique menée par un porte-avions, actuellement en route vers des manoeuvres au Sud-Est asiatique, pourra " si nécessaire " être détournée pour rejoindre les bâtiments anglais déjà dans le Golfe.

Quant au gouvernement français, malgré les déclarations " modérées " de Dominique de Villepin face à l'escalade rhétorique de Bush, il aurait annulé des réparations prévues sur le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle, de façon à ce qu'en cas de besoin il puisse lui aussi participer à la guerre, et pas seulement en se prélassant dans un bassin de radoub.

Les préparatifs guerriers continuent donc. Et tous les gouvernements impérialistes y participent, quelles que soient les nuances plus ou moins hypocrites qu'ils mettent à leur alignement derrière les États-Unis. Ce faisant, leur seul but est de préserver les intérêts de leurs propres trusts dans une partie de poker incertaine où c'est l'impérialisme américain qui distribue à sa convenance aussi bien les cartes que les gains. Mais dans ce jeu sordide, les payeurs ne sont pas les joueurs, ce sont les peuples.

Car avant même de parler de guerre ouverte, ce sont les peuples qui paient déjà la note. Ce sont tout d'abord les populations pauvres d'Irak et du Moyen-Orient qui paient de leur vie la guerre larvée que livre l'impérialisme sous le couvert des sanctions contre l'Irak et celle, ouverte, que mène en Palestine ce pilier régional de l'impérialisme qu'est Sharon. Mais les populations laborieuses des pays riches paient la note elles aussi, par une dérive réactionnaire qui ne peut qu'exacerber l'arrogance et l'avidité de leurs propres exploiteurs, une dérive qui se cache derrière la lutte contre le " terrorisme ", contre Saddam Hussein ou tout autre épouvantail, alors que ce qu'il faudrait mettre à bas c'est cet ordre impérialiste pourrissant qui ne sert qu'à garantir les profits des trusts par la force des armes.

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