Clermont-Ferrand : Un CHU bien malade25/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1795.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Clermont-Ferrand : Un CHU bien malade

Avec 6 000 salariés, le CHU est le deuxième employeur de la ville, après Michelin. Les trois établissements qui le composent connaissent des difficultés croissantes de fonctionnement qui exaspèrent le personnel.

Une situation inacceptable

Les locaux de l'Hôtel-Dieu, établissement remontant à près de deux siècles, sont inadaptés : chaudières vieillottes insuffisantes, absence de climatisation, isolation thermique et phonique déficientes. Les sanitaires sont sous-équipés. Le ménage et l'entretien dans beaucoup de services sont difficiles, vu l'état des locaux et le manque de personnel.

Il y a bien eu des travaux de restauration, mais ils restent tout à fait insuffisants et n'améliorent en rien le fonctionnement d'ensemble.

Dans un autre secteur du CHU, à l'Hôpital Nord, situé dans la banlieue, à Cébazet, établissement spécialisé pour les personnes âgées, il manque des dizaines de lits et de nombreuses chambres individuelles, d'où de très longs délais d'attente d'admission. Il faudrait renforcer et créer des services spécialisés pour la gérontologie, pour les malades de type Alzheimer et pour la psychiatrie.

Le manque de personnel, maladie chronique fort répandue dans les hôpitaux du pays, est tout aussi flagrant.

Récemment, le service des urgences de Gabriel-Montpied était débordé, avec des malades dans les couloirs ou dirigés dans des établissements périphériques. Un autre exemple : le service de rhumatologie vient d'être transformé en service de médecine. Mais seulement avec 15 lits ouverts. Ce ne sont pas les patients qui manquent, mais le personnel.

Quant aux 86 emplois-jeunes, une partie d'entre eux voient approcher la fin de leur contrat avec inquiétude, la direction ayant vaguement promis de les titulariser. Pourtant, leur travail est indispensable là où ils ont été affectés : à l'accueil, à la sécurité, comme aides-ambulanciers ou dans les laboratoires de recherche.

Le mécontentement général s'est renforcé avec la décision du maire socialiste de réduire le nombre de places et d'étendre le stationnement payant aux alentours de l'Hôtel-Dieu. Des manifestations ont eu lieu pour demander au moins des aménagements, car payer pour venir travailler est un comble !

De beaux projets... mais avec quels moyens ?

Il est question de construire un nouvel hôpital à la place de l'Hôtel-Dieu. Un terrain de 14 hectares vient d'être acquis par la municipalité, celui de l'usine Michelin Estaing, qui est désaffectée.

La priorité serait dans la mise en chantier d'une nouvelle maternité regroupant tous les services de pédiatrie. C'est le futur " Pôle Mère-Enfant ", dont on parle depuis près de trente ans. Prévu pour 2005, il en est question maintenant pour fin 2008.

Comme il faudra de l'argent et que les autres établissements du CHU en ont besoin aussi, alors il est question de répartir les sommes que le ministère de la Santé accordera. Bref, ce sera un saupoudrage toujours en dessous des besoins.

La situation à Gabriel-Montpied est sans doute la plus préoccupante. Construit dans les années soixante, cet hôpital est littéralement envahi d'amiante à tous les étages : plafonds, cloisons, sous-sols et dans les kilomètres de gaines. Les travaux de déflocage avancent si lentement, coûtent si cher, que des expertises viennent de démontrer qu'il serait moins onéreux de le démolir et de le reconstruire ! Voilà pourquoi un récent conseil d'administration vient de décider - les syndicats s'étant abstenus - d'adopter cette solution.

Moderniser l'hôpital est nécessaire. Mais il faut trouver vite les financements nécessaires, sinon tous ces projets risquent de rester encore longtemps dans les tiroirs.

Quand il s'agit de financer l'armement ou le patronat, ça ne traîne pas. Mais lorsqu'il s'agit de la santé publique, on fait scandaleusement attendre.

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