Pêches : Des subventions... dans les filets des plus gros18/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1794.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pêches : Des subventions... dans les filets des plus gros

Les gouvernements des pays de l'Europe unie ont trouvé un nouveau terrain de désunion dans la réforme de la politique commune de la pêche. La politique en cours fixe des taux admissibles de captures par espèces de poissons pour l'ensemble de la flotte dans des zones maritimes données et ces taux sont ensuite répartis entre les États sous la forme de quotas. Certaines méthodes de pêche sont interdites, par exemple la pêche au filet maillant dérivant, et on effectue des contrôles de la taille des poissons pêchés, pour protéger les jeunes poissons. Moyennant quoi, des aides sont prévues pour la modernisation de certains bateaux.

Evidemment, les infractions sont innombrables et le commissaire européen à la pêche, Franz Fischler, évoquant la disparition prochaine de certaines espèces dans les eaux européennes, a proposé un plan prévoyant une réduction de 80 % de la pêche au cabillaud et de 75 % pour le merlan. Cela se ferait en diminuant le nombre de jours de sorties en mer et, en fin de compte, en réduisant la flotte. Les aides publiques pour moderniser les bateaux seraient transformées en financement de plans sociaux pour les pêcheurs qui cesseraient leur activité. L'objectif serait de détruire 8 500 bateaux et de supprimer 28 000 emplois. Les flottes artisanales, essentiellement celles des pays du Sud, seraient plus touchées que les flottes plus industrielles des pays du Nord.

Les pêcheurs ont déjà protesté en essayant le 11 décembre de bloquer le détroit du Pas de Calais. Les représentants des pays qui s'estiment lésés, comme la France, l'Espagne, l'Italie, la Grèce, montent au créneau pour se faire les défenseurs des artisans-pêcheurs qui, pour être petits, n'en sont pas moins électeurs : Chirac stigmatise la Commission européenne qui " sous couvert de mieux protéger les ressources, est prête à sacrifier une grande partie de la pêche européenne ".

L'argument de la Commission est peut-être hypocrite, mais l'attitude de Chirac ne l'est pas moins. Cela fait longtemps que, comme tout défenseur du grand capital et du libéralisme économique, il défend un système qui ruine les petits artisans, en l'occurrence les marins-pêcheurs, et laisse les grosses subventions aller aux grosses sociétés, comme en témoigne l'exemple ci-dessous.

Dominique Wailly, conseiller régional de Lutte Ouvrière du Nord-Pas-de-Calais, a ainsi dénoncé les subventions obtenues par la grande pêche à Boulogne-sur-Mer :

" La famille Leduc, propriétaire de la société Nord-Pêcheries à Boulogne-sur-Mer, veut construire un nouveau bateau, après le lancement au mois de novembre du bateau Bressay-Bank. Ce navire de pêche hauturière représente un investissement de 7,6 millions d'euros. Les aides publiques s'élèvent à plus de 1,4 million d'euros, soit 450 000 euros par le Conseil régional, 450 000 euros par l'État, 558 000 euros par des fonds européens. En tout 15 % du montant de l'investissement. Régulièrement, la société Nord-Pêcheries est financée par des aides publiques, de même que la société Le Garrec. Ces deux sociétés ont d'ailleurs des sociétés communes. Dans le même temps, 43 navires de pêche artisanale ont reçu une subvention totale de 403 000 euros, pour une aide dans l'installation d'un Geonet et de nouveaux treuils. La plupart vont recevoir un peu plus de 3 000 euros. Pour attraper dans ses filets de grosses subventions, la pêche industrielle est bien équipée. "

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