Côte-d'Ivoire : Des troupes pour défendre les intérêts des trusts français18/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1794.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte-d'Ivoire : Des troupes pour défendre les intérêts des trusts français

Il faut tout le culot du ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, pour dénoncer les " ingérences extérieures " ainsi que " les livraisons d'armes et soutiens en hommes " venant d'États voisins de la Côte-d'Ivoire, alors même que la France vient d'y renforcer son dispositif militaire. Cette déclaration a au moins le mérite de souligner le rôle que l'impérialisme français s'octroie dans ce qu'il considère comme son pré carré africain : en Côte-d'Ivoire, il est chez lui et toute intervention militaire d'un autre pays qui n'a pas reçu son aval peut être pointée du doigt.

En fait, si l'impérialisme français est prêt à en découdre militairement, ce n'est pas pour protéger ses 20 000 ressortissants, et encore moins pour protéger les populations locales, mais pour défendre ses propres intérêts économiques et financiers. Car, au-delà de l'indépendance, les trusts français sont restés très implantés et perpétuent l'exploitation des ressources de cette ancienne colonie. Pour ne prendre que l'exemple du groupe Bouygues, on le retrouve dans presque tous les secteurs économiques ivoiriens. Au travers de ses nombreuses filiales, il contrôle la distribution de l'eau et de l'électricité du pays, il participe aux activités pétrolières off-shore, tandis que sa filiale Colas a la mainmise sur la construction et l'entretien du réseau routier. Il est également partie prenante dans tous les grands chantiers, de la construction de la mosquée d'Abidjan aux ports d'Abidjan et San Pedro, en passant par le complexe universitaire de Yamoussoukro et l'hôpital de Yopougon. Quant au groupe Bolloré, il contrôle une grande partie des transports. Et si les groupes français ont cédé du terrain au profit des multinationales américaines dans le domaine du café et du cacao, Bolloré conserve un rôle de premier plan dans les exportations cacaoyères.

De la même façon, les positions tenues par les troupes françaises ne doivent rien au hasard. Elles participent à la protection de " couloirs économiques " pour assurer l'acheminement du cacao vers San Pedro et Abidjan, ou la desserte des principales unités industrielles situées dans le Nord.

Plus que le sort de Gbagbo, ce sont ces intérêts et tous les profits qui en découlent pour les trusts qui préoccupent les gouvernants français. Et quand ils se disent partisans d'une " solution politique ", c'est pour rétablir - y compris par les armes - un climat plus propice à leurs affaires.

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