Chantiers de l'Atlantique de Saint-Nazaire : La CGT et la défense de la navale française18/12/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/12/une1794.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantiers de l'Atlantique de Saint-Nazaire : La CGT et la défense de la navale française

Aux Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire, il y a 5 000 salariés Alstom, la société à laquelle appartient le chantier, et entre 3 000 et 8 000 sous-traitants et intérimaires, selon les commandes de bateaux.

Comme partout, les conditions de travail se sont aggravées et le travail précaire est utilisé à outrance par le patron.

Ces trois dernières années, après avoir fait miroiter à grands coups de publicité l'eldorado à Saint-Nazaire, les patrons mettent maintenant en avant le vide du carnet de commandes et agitent à nouveau la menace du chômage pour l'année prochaine.

Des intérimaires et des sous-traitants, par centaines, sont licenciés en ce moment.

Et depuis près de deux mois une campagne est menée sur les travailleurs étrangers. Il est difficile d'en connaître le nombre exact mais ils seraient plus de 2 000 sur le Chantier, venant des quatre coins du monde. Malheureusement, dans cette campagne la CGT, par tracts et voie de presse, occupe sa place.

Emportée par son élan sur sa politique nationaliste de défense de l'industrie française, la CGT dénonce " comme une provocation pour les 10 400 chômeurs de la région " l'embauche de ces travailleurs étrangers qui, dit-elle, " osons le dire, pour certains ont des compétences limitées et font courir des risques industriels aux Chantiers ". Dans un grand article, publié par le quotidien Ouest-France du 23 et 24 novembre 2002, la CGT revient de nouveau sur le sujet. Le responsable de la CGT des Chantiers essaie d'être plus nuancé quant aux conditions de vie de ces travailleurs étrangers, mais il n'hésite pas à enfoncer le clou : " 500 intérimaires vont rejoindre les autres à l'ANPE. Et ce ne sont pas les salariés étrangers qui lutteront pour sauver la navale ".

Cette campagne est reprise par le patron, par voie de presse également. Il dit hypocritement qu'" il ne faut pas mettre de l'huile sur le feu ", mais il en a rajouté, invoquant le manque de travailleurs qualifiés, qu'il n'arriverait pas à trouver en France et sur la région, et semant l'inquiétude pour les mois à venir sur le manque de commandes.

Les travailleurs étrangers, et plus particulièrement ceux que les patrons ont fait venir d'Inde, sont montrés du doigt.

Mais que peut signifier cette " culture ouvrière locale " ou ce savoir-faire nazairien comme le chante la CGT dans sa derniere interview, pour s'opposer à des travailleurs venus de Marseille, de Strasbourg, de Bordeaux, de toute de l'Europe ou d'Inde ?

Une telle prise de position est révoltante ! D'autant plus que cela fait des années, présence des étrangers ou pas, qu'on fait aux travailleurs du chantage aux commandes, qui vise à instaurer un climat d'inquiétude permanent et qui vise, de la part de l'Alstom, à obtenir des milliards de subventions de l'État qui vont dans les poches des actionnaires.

Oui, le chômage et la misère ont fait venir des milliers de travailleurs à Saint-Nazaire, du bout de la France ou du bout du monde, pour mieux vivre ou survivre. La société organisée dans toute son horreur pour les profits d'une poignée de parasites, c'est cela le capitalisme.

Pour les patrons, les travailleurs sont tous des étrangers, étrangers à leur monde. L'exploitation n'a pas de frontière. La lutte des travailleurs non plus.

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