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Brésil: Lula annonce la composition de son équipe économique : aux ordres de la bourgeoisie
A la veille de son entrée officielle en fonctions, le 1er janvier prochain, Lula a rencontré au Brésil le président du Fonds monétaire international, Horst Köhler. Ce dernier s'est dit ravi que Lula veuille lutter contre la faim et la pauvreté (que pouvait-il dire d'autre ?) " tout en respectant ses engagements internationaux " (et c'est bien plus important pour ce monsieur). Le futur président du Brésil s'est aussi rendu aux États-Unis pour rencontrer le président Bush, le ministre des Affaire étrangères Colin Powell et la secrétaire pour la Sécurité nationale américaine, Condoleezza Rice.
Délicate attention, il a choisi d'annoncer depuis Washington que son ministre des Finances serait Antonio Palocci. L'homme choisi pour ce poste clé vient certes de l'appareil du Parti des Travailleurs (PT), mais est symbolique de l'évolution de ce parti. Ce médecin de 42 ans, trotskyste dans sa jeunesse, s'est fait connaître comme maire de Ribeirao Preto, une ville de 400 000 habitants dans l'état de Sao Paulo, comme un champion de la privatisation des services municipaux. Coordinateur du programme de gouvernement du PT, il a mené la lutte contre toute idée de " rupture " avec le capitalisme et s'est révélé être un des dirigeants les plus à droite du Parti. C'est lui qui a embauché pour la campagne de Lula le spécialiste de marketing Duda Mendonça, qui s'était illustré précédemment en faisant élire maire de Sao Paulo Paulo Maluf, un modèle de corruption qui représente ce qu'il y a de plus à droite dans le pays. Palocci a ensuite dirigé les représentants de Lula dans la commission de transition, destinée à organiser le passage de l'équipe du président de droite sortant, Fernando Henrique Cardoso, à celle de Lula.
La nomination de Palocci a été applaudie par les milieux d'affaires. Ils ont aussi accueilli favorablement la nomination, quelques jours plus tard, du gouverneur de la Banque centrale : Henrique Meirelles, ex-président d'une banque privée et membre du PSDB, le parti de Cardoso et de José Serra, le rival de Lula au second tour de la présidentielle.
L'équipe économique du futur gouvernement a été complétée par l'industriel Luiz Fernando Furlan, devenant ministre du Développement, de l'industrie et du commerce, et par Roberto Rodrigues, président de l'Association brésilienne de l'agro-alimentaire, devenant ministre de l'Agriculture. Deux hommes qui ne pourront pas être accusés de préjugés favorables aux ouvriers et aux paysans sans terre.
Lula a désigné les titulaires de quelques autres ministères. José Dirceu, président du PT et grand artisan de son " recentrage ", sera ministre de la Maison civile, chargé des relations entre le président et les parlementaires. Le ministre des Affaires étrangères sera Celso Amorim, l'actuel ambassadeur à Londres, en principe un homme de confiance de Cardoso. Enfin, Lula a donné un hochet aux écologistes, nommant à l'Environnement Marina Silva, sénatrice PT de l'état amazonien de l'Acre.
Lula avait clairement laissé comprendre au cours de sa campagne présidentielle qu'il gouvernerait en prenant en compte les intérêts de la bourgeoisie brésilienne et mondiale. Ces nominations montrent qu'il tiendra parole avec des hommes ayant la confiance de la bourgeoisie et dont beaucoup en font partie.